MANTES RELIGIEUSES (LES)
La stratégie de l’araignée

En l’an 1474, Charles, duc de Bourgogne, envoie son chroniqueur Georges Chastelain en Angleterre auprès du roi Edouard IV pour négocier secrètement une alliance qui permettrait de renverser le roi de France Louis XI. Malgré tout, cette démarche finit par atteindre les oreilles chastes de Blanche de l’Oye qui part en référer à la Mère Puclchérie, du couvent « spécial » de Sainte-Madeleine, à Loches. Un conseil restreint se réunit alors sous la direction de Louis XI qui, souhaitant éviter une nouvelle guerre, décide de réunir des fonds et de partir à la rencontre d’Edouard IV à Calais pour acheter sa neutralité. Mais pour le rejoindre, le porteur de la lettre de change doit passer inévitablement par les terres appartenant aux Bourguignons. Le conseil imagine alors un stratagème qui consiste à lancer deux missions parallèles, l’une conduite par la doublette infernale constituée par Blanche et Arnaud, l’autre par Olivier de Daim et une escouade de nones « spéciales ». Mais Louis XI en rajoute discrètement une troisième qu’il va mener tout seul avec la véritable lettre de change. Est-ce que la couronne de France sera préservée ?

Par phibes, le 26 février 2023

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Notre avis sur MANTES RELIGIEUSES (LES) #2 – La stratégie de l’araignée

Fort d’un premier épisode tout en goguette, Sophie Flamand et Bernard Swysen remettent les couverts en nous donnant une nouvelle aventure de leur mantes religieuses et de leur patron, Louis XI. En effet, la France, en pleine reconstruction après la Guerre de Cent ans, est menacée par Charles de Bourgogne qui cherche à faire copain copain avec la perfide Albion pour renverser le monarque français. Cela suffit donc à ce dernier pour faire appel à sa brigade religieuse secrète et hors norme et la lancer dans une équipée de tous les dangers et pas les moindres.

Cette équipée volontairement burlesque reste donc dans la veine de la précédente. Les co-scénaristes qui maintenant maîtrisent leur concept, s’amusent à détricoter l’Histoire de France, en particulier celle qui concerne la période du règne de Louis XI. Pour cela, ils n’hésitent pas à le mettre au premier plan de l’aventure, associé à des James girl en soutane plus ou moins efficaces et à deux novices, Blanche et Arnaud, qui bénéficient de pouvoirs bien surprenants.

Vous l’aurez donc compris, la dérision respire à toutes les pages. A la faveur d’un contentieux récurrent (entre Louis XI et le Duc de Bourgogne), on découvre les fameuses missions sur la terre bourguignonne de cette curieuse agence tout risque, missions qui bien sûr vont se dérouler dans des conditions ubuesques. Tous les personnages sont humoristiquement bousculés, des rois aux laquais jusqu’aux animaux (chats, pigeons), araignée et même dragon. Aussi, devant toute cette euphorie ambiante, le message ne rate pas sa vocation première, celle de distraire gentiment.

La mise en images de Christian Paty conforte pleinement les intentions des scénaristes. Ce dernier continue à jouer des pinceaux dans cet univers médiéval caricatural dans des effets qui dénotent une belle recherche dans la gestion de ses personnages, de leurs expressions ou leurs attitudes comiques (on retrouve quelques tendances aux Blondes), dans la rigueur de ses décors détaillés et enfin dans l’utilisation de la couleur bien dense.

Un tome historiquement décalé que les amateurs de dérision et de mantes religieuses débridées dégusteront goulûment.

Par Phibes, le 26 février 2023

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