MAUVAIS GARÇONS
Historias de Soleas

L’Andalousie, sa chaleur, les places ou l’on se pose pour regarder passer les belles passantes. Il se nomme Manuel, il a vécu en France avant de revenir au pays, il danse le flamenco comme personne. Il y a aussi Benito, un chanteur hors norme. Ils sont inséparables, deux amis liés à la vie par l’amour du flamenco, le pur, celui qui vient des tripes, qui vibre. Alors ils vivent au jour le jour, séduisent les belles filles, traînent en terrasse sans jamais, pour autant, accepter la moindre concession !
Puis Manuel rencontre Katia, une belle étudiante qui rêve de quitter cette ville… Pendant ce temps la jeune Rosita s’amourache de Benito, mais il n’est peut-être pas l’homme qu’il lui faut, il le sait bien… Tant que le flamenco vibre en lui, en eux…

Par fredgri, le 29 septembre 2013

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Notre avis sur MAUVAIS GARÇONS #Int – Historias de Soleas

Manuel et Benito sont ce genre d’amis qui, même s’ils ne sont pas toujours du même avis, continuent d’avancer du même pas, inséparables, l’ombre de l’autre, la lumière de ces journées à marcher ensemble, à partager cette passion qui les enflamme, qu’ils ne peuvent saisir, qui fait vibrer la voix de l’un, qui entraîne les pieds de l’autre. Ils sont perdus dans cette vie qu’ils se choisissent, faite parfois d’à peu près, de sourires, de quelques regards vers les autres. Et même si Manuel rêve de l’équilibre que lui offre Katia, si Rosalia ne voit que Benito sans percevoir ce qui commence déjà à déraper, il n’y a qu’une force qui peut encore rééquilibrer tout ça, ce bruit de talon sur le bois, cette main qui gratte ses cordes et les mots qui percent le silence.
Bien au delà du simple récit qui se déroule devant nous, au grès des pages, nous sommes surtout guidés dans les traces de ces deux hommes qui dépassent l’histoire, qui éparpillent toute tentative de récit pour animer cet album d’une langueur digressive, régulièrement ponctuée par des impulsions, un coup de gueule, des ébats à l’ombre d’un arbre, une légère répétition dans une ruelle, en discutant de la vie… Ils se demandent s’il est encore possible de partir, d’abandonner, mais c’est plus fort qu’eux, c’est le flamenco et rien d’autre, dans chaque pore de leur peau, cette chaleur, ce frottement, l’air qui les entoure et cette goutte de sueur…

Les planches se déroulent, marquées par cette lumière vive, par ces ombres, elles prennent le temps d’appuyer sur le silence, sur le vide et l’atmosphère si particulière, épurée qui permet de dessiner d’un trait le profil de ces deux amis, découpé sur le blanc, légèrement relevé par une touche de magnifique sépia… Nous entrons progressivement dans une danse qui monte crescendo, qui redescend et ainsi de suite. Le scénario évite très adroitement de s’en tenir à une intrigue toute réglée pour rester concentré sur des impressions, pour rester au plus près des personnages, le lecteur doit alors composer avec ce qu’il lit, ce qu’il ressent, les regards des uns et des allusions des autres, les ellipses qui nous font passer à côté de certaines scènes et ces moments plus contemplatifs, figés, sublimes clichés pris sur le vif… Nous soupirons…

Ces "mauvais garçons" sont l’essence de l’Andalousie, âpre et sanguine, du tempérament, de la passion.

Je peux vous le dire, mais vraiment je me suis perdu plusieurs fois dans ces pages durant la lecture de ce très beau volume. Non seulement parce que l’écriture est d’une telle justesse que c’en est troublant de vie. Mais surtout parce que graphiquement c’est sublime, tout simplement. Un trait juste, vif, sans fioriture, de la vie et rien d’autre, très subtilement relevé par des lavis sépia qui viennent accentuer la lumière, les plis d’un vêtement, le creux d’une joue. La lecture terminée on ne lâche pas l’album, on revient se perdre encore un peu dans ces portions de vie…

Alors voilà, je n’hésite pas à sincèrement remercier messieurs Dabitch et Floa… Revenez, revenez vite !

Par FredGri, le 29 septembre 2013

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