MÉMOIRES DU DRAGON DRAGON (LES)
Osez Joséphine

En mai 1796, la bataille opposant les troupes autrichiennes et celles de la France révolutionnaire commandées par le Général Bonaparte fait rage sur le pont de Lodi. Nombre de charges de l’armée d’Italie souffrent face aux défenses adverses. De son promontoire isolé, le dragon Dragon compte tranquillement les points jusqu’à ce que son général vienne le déloger pour savoir s’il a pu trouver un gué sur l’Adda pour faire traverser l’armée napoléonienne. N’ayant obtenu aucune réponse probante, l’officier envoie le dragon dans la rivière italienne. C’est au moment où il pense se noyer qu’il découvre une zone praticable à pied et sauve ainsi l’offensive de son armée sur Milan. Après avoir été salué par Napoléon, Dragon gagne sans le vouloir en notoriété. Il se voit bientôt lié à un peintre, Antoine-Jean Gros, qui souhaite croquer tous ses faits de guerre. Mais les tueries qui vont suivre ne vont pas être des plus héroïques pour le Dragon et les tableaux réalisés lors de ces évènements sanglants vont donner lieu à des discussions en haut lieu. C’est à cet instant que le Dragon fait la connaissance de Joséphine, la femme de Napoléon dont il s’éprend instantanément, et de son amant le Capitaine Hippolyte Charles. Et ce qu’il n’aime pas, c’est d’avoir de la concurrence !

Par phibes, le 10 mars 2025

Notre avis sur MÉMOIRES DU DRAGON DRAGON (LES) #3 – Osez Joséphine

Le dragon effronté Dragon revient dans la suite de l’évocation burlesque de ses mémoires ayant pour base la campagne italienne menée par le jeune Général Napoléon Bonaparte à la tête de ses armées de la France révolutionnaire. Dirigé par son créateur Nicolas Juncker (Fouché, Seules à Berlin, Un Général des Généraux…) ô combien inspiré, ce héros de pacotille refait encore des siennes et cette fois-ci jusqu’au niveau de la plus haute instance militaire.

Ce troisième et dernier volet conserve cette verve sulfureuse que l’on a pu apprécier dans les deux tomes précédents. Le scénariste continue à tirer volontairement les ficelles de son récit via des situations cocasses à souhait et bien souvent risibles à la faveur d’un côté scabreux acidifiant. A n’en pas douter, Nicolas Juncker se plaît à tordre l’Histoire de la campagne napoléonienne, certes en restant fidèle au déroulé des batailles mais en permettant à son personnage pour le moins cynique, le dragon Dragon, d’y participer grassement.

Comme le susurre le sous-titre de l’album, le terrible dragon est appelé grâce à/à cause de ses méfaits à croiser le chemin de hautes personnalités (des véritables) comme le peintre Antoine-Jean Gros, le couple Bonaparte (surtout Joséphine), le Capitaine des hussards Hippolyte Charles. Ainsi, son terrain de jeu s’élargit, passant du champ de bataille au salon, et nous offre encore une fois, via des dialogues taillés au sabre, nombre de péripéties qui vont mettre en évidence sa veulerie, sa balourdise et son effronterie. Grâce à ce choix, la tonalité reste évidemment légère et suscite des rebondissements particulièrement tordants.

Simon Spruyt poursuit judicieusement l’animation de cette comédie historique à la faveur d’un trait qui reste on ne peut plus efficace certes pour camper les ambiances de guerre napoléonienne mais surtout pour caricaturer à outrance les agissements de son antihéros. Son semi-réalisme caractérisé par une touche épurée se suffit à lui-même pour donner une véritable dynamique à tout ce décorum et susciter de bons gros rires.

Une fin de trilogie excellemment menée sur les mémoires d’un personnage qui a fricoté avec l’Histoire sans pour autant qu’elle retienne son nom. Humour garanti !

Par Phibes, le 10 mars 2025

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