NERO (MAMMUCARI)
Obscurci est le soleil, ternes sont les étoiles

Au XII siècle, la guerre fait rage en Syrie, engageant les armées franques contre les forces musulmanes dans une nouvelle croisade ensanglantée. Lors d’une bataille, Nero, neveu du Cadi de la forteresse de Tell Bashir se voit emporté par la fièvre du combat contre les chrétiens. Alors que les siens ordonnent le repli, le guerrier continue à se battre jusqu’à ce qu’il soit mis à terre et sauvé in extrémis par un chevalier croisé qui avoue être à sa recherche. Ce dernier qui l’a reconnu grâce à ses cicatrices spécifiques l’informe alors avoir besoin de lui pour atteindre une grotte dans laquelle Nero a vécu une expérience très douloureuse durant sa jeunesse. Est-ce que ce dernier est prêt à retourner en ces lieux mystiques ? Car il ne fait aucun doute pour celui-ci que la grotte renferme des forces obscures qu’il ne vaut pas mieux réveiller. Autant dire qu’avant d’atteindre leur destination, les deux guerriers, que tout oppose, vont devoir traverser de nombreux périples.

Par phibes, le 5 février 2023

Notre avis sur NERO (MAMMUCARI) #1 – Obscurci est le soleil, ternes sont les étoiles

Auteur de grande notoriété en Italie grâce à son travail publié chez Sergio Bonelli editore, Emiliano Mammucari se voit, après Orphelins paru entre 2015 et 2016 chez Glénat, une nouvelle fois édité en France sous le couvert de la Maison Dupuis. Versé dans le récit réaliste, l’artiste, accompagné de son frère Matteo, vient ici nous immerger dans une saga qui se nourrit à la fois des ambiances médiévales et d’ésotérisme.

Ce premier tome est l’occasion de nous mettre immédiatement dans le bain des Croisades après une entrée ô combien percutante qui, déjà, donne la tonalité fantasmagorique de l’aventure contée. A cet égard, l’on comprend que l’auteur a décidé de faire fi de notre sensibilité et de nous engager dans une épopée assurément impitoyable, d’une violence et d’une puissance véritablement démesurées.

Tout en s’imprégnant de l’Histoire, Emiliano et Matteo Mammucari ont décidé de créer leur petite histoire en deux actes (pour ce premier tome), qui a la spécificité d’associer curieusement deux combattants (un guerrier barbare et un chevalier chrétien marqués dans leur chair) avec pour dessein de combattre les forces du mal appelées les Djinns. Si la thématique reste assez conventionnelle, le récit, du fait de son dynamisme et de sa puissance évocatrice, demeure d’un bout à l’autre entièrement captivant. Sous le couvert de dialogues en percussion, les personnages que l’on découvre se révèlent à la faveur d’un charisme particulièrement surdimensionné, que ce soit Néro (possédant une rage disproportionnée), le jeune chevalier franc (des plus habiles) ou la belle combattante Nizarite, et se voient tous les trois, à de nombreuses reprises, soumis à des joutes on ne peut plus musclées.

Le dessin bien réaliste vient compléter favorablement les intentions scénaristiques. Que ce soit Emiliano Mammucari pour l’acte 1 ou Alessio Avallone pour l’acte 2, le travail reste impressionnant par son réalisme, sa beauté, sa qualité suggestive et également sa cohérence entre les deux parties. Une considérable énergie se dégage de ces illustrations, partagées entre scènes de combats à sensations et personnages aux caractères forts.

Une première partie médiévalo-fantastique très engageante qui, au vu de son dynamisme et sa violence, ne laisse pas insensible. La suite est attendue !

Par Phibes, le 5 février 2023

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