NERO (MAMMUCARI)
Djihad

Le Puit des Djinns a été ouvert par le Qadi sur le mont Qassioun et doit être refermé avant que l’Apocalypse ne survienne. En compagnie du seigneur franc Renaud, de la belle Nizarite, de l’ancien moine chevalier souffreteux et du marchand initié de Tyr, Nero a rejoint la somptueuse Damas située au plus proche du puit maléfique. Ils y sont accueillis par l’atabeg Shrikuh auquel ils demandent son aide pour combattre les djinns. Celui-ci leur fait comprendre que sa cité aux mille jardins ne craint nullement les djinns et demande en échange, pour toute participation de ses armées, que Nero et plus particulièrement Nizarite, appartenant à la secte des assassins, l’aide à combattre ceux qui le dénigrent au sein de sa communauté. Pendant que la jeune femme s’exécute, Shrikuh dévoile à ses hôtes pourquoi Damas n’est pas inquiétée par les djinns. La surprise générée par cette découverte est de taille et est renforcée par l’ignoble duplicité de l’atabeg. L’aide tant escomptée pour aller refermer le puit n’est plus acquise à Nero et les siens, à moins qu’un nouvel élément inverse la tendance. L’initiative du marchand initié va justement provoquer un revirement de taille. L’heure du djihad aurait sonné ?

Par phibes, le 10 mai 2024

Notre avis sur NERO (MAMMUCARI) #3 – Djihad

Nous retrouvons Nero, l’homme portant la marque qui lui permet de communiquer avec les djinns, dans la suite de sa quête. Accompagné d’une troupe hétéroclite mêlant chrétiens et musulmans et faisant cause commune, le guerrier est appelé par obligation à retourner sur un site qu’il ne connaît que trop et qui, si le puits qu’il contient s’ouvre, va libérer le djinn du feu et provoquer une dévastation totale. C’est donc dans la suite et fin de cette équipée démesurée que nous nous replaçons, une équipée qui encore une fois va être de nature à bousculer tout entendement.

Toujours campé dans la tradition arabe, cet ultime volet vient clôturer une aventure en six actes aux accents apocalyptiques non dénués de magie. Portées par un héros pour le moins tourmenté, assisté par des personnages eux-mêmes aux caractères fortement trempés, les péripéties à travers le territoire syrien ne manquent nullement de panache. Les frères Mammucari parviennent encore une fois à nous immerger dans un récit historique à la fois impitoyable et fantastique, bourré de bonnes surprises et d’énergie ambiante.

Ce récit nous rapproche complètement d’un lieu mythique où tout doit se jouer. Pour ce faire, chacun des personnages clés (Renaud, Nizarite, le boutiquier de Tyr, le moine chevalier déchu et Nero) a quelque chose à accomplir contre une entité extraordinaire et ce, à des échelons et intentions différents. Pour certains, les masques tombent dans une véritable apothéose électrisante et prophétique. Pour d’autres, la boucle se boucle définitivement. Il ne fait aucun doute que les coscénaristes trouvent, dans cet alternat de situations guerrières, l’art et la matière pour distiller la démesure douloureuse de cette aventure syrienne.

Cette démesure dramatique passe inexorablement par le travail graphique puissant exécuté à quatre mains par Davide Gianfelice (pour l’acte 5) et Matteo Cremona (pour l’acte 6). Magnifiée par l’intervention des coloristes expérimentés que sont Mattia Jacomo et Simona Fabrizio, la mise en images reste des plus impressionnantes. On saluera la beauté des décors, la superbe personnalisation des héros, leur expressivité dans tous les moments les plus forts. On applaudira l’immense restitution énergisante des combats dans le puit des djinns, associée à des effets sonores et fantastiquement hors norme. Du grand art, quoi !

Une fin d’épopée grandiose, apocalyptique à souhait qui, si l’envie est au rendez-vous, pourrait en initier une autre toujours avec le fameux guerrier Nero. On frotte fortement la lampe des djinns pour que ça se produise !

Par Phibes, le 10 mai 2024

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