NICOLAS EYMERICH INQUISITEUR
Le corps et le sang (II/II)

1358 – Castres : une secte, les "Mascs" propage une maladie, la Mort Rouge, qui pénètre le sang et tue rapidement. L’inquisiteur d’Aragon, Nicolas Eymerich, enquête sur ce mystère.
1970 : La Havane, Cuba. Le docteur Manuel Limonta rend compte sur cette étrange maladie qui a touché une centaine d’ouvriers d’une usine de Santa Clara.  Au siège de la multinationale Pardmindex, Lycurgus Pinks est hors de lui lorsqu’il apprend que Cuba a été choisi pour cobaye, alors qu’il avait demandé qu’on ne touche pas à Cuba…

Par berthold, le 1 janvier 2001

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2 avis sur NICOLAS EYMERICH INQUISITEUR #4 – Le corps et le sang (II/II)

Nous avons donc la conclusion de l’adaptation du second volume des romans de Nicolas Eymerich créées par Valério Evangelisti. Cette adaptation par Zentner et Sala est une excellente réussite. Comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas facile d’adapter ces livres et le dessin de Sala au style particulier s’affirme de tome en tome. Ainsi, certaines pages valent le détour.
Le scénario est complexe et se dévoile lors les dernières pages. Cette oeuvre est une relecture de l’oeuvre de Poe, Le Masque de la Mort Rouge, comme le lecteur le découvre à la fin qui est un bien bel hommage à ce célèbre écrivain.
C’est une oeuvre qui surprendra des lecteurs, mais qui amène son lot de surprises et qui s’avère être une série qui  fera date.
J’ai déjà hâte de découvrir la prochaine adaptation des aventures de ce célèbre inquisiteur qu’est Nicolas Eymerich.

Par BERTHOLD, le 23 avril 2007

ARTICLE DE JEAN-LOUIS THOUARD :

De Replay à Eymerich

Je ne connaissais pas vraiment Valerio Evangelisti. Son nom m’évoquait sans doute un auteur de SF? De fantastique?
Je ne savais pas trop au juste.
Par contre les noms de Zentner et Sala m’étaient familiers.
Dès le premier Replay j’avais été séduit par le graphisme très personnel de David Sala. Une manière bien à lui d’aborder l’ambiance d’une histoire. Une manière que je qualifierai de “plastique”, de “picturale”. J’avais immédiatement remarqué la couverture du tome 1 de Replay. Loin des mise en couleur conventionnelles, les deux personnages (anti-héros) baignant dans une atmosphère urbaine et moite aux teintes chaudes et intimistes.
Lorsque j’ouvrais l’album, je ne fus pas déçu par le décalage, somme toute assez répandu, entre le graphisme de couverture et les planches intérieures. Au contraire. La même richesse picturale emplissait les cases, faisait vibrer les personages, les décors, les ciels…

J’étais comblé par ce foisonnement de couleurs, d’éclairages, de textures. Un vrai régal pour les yeux!
J’achetais donc l’album sans plus tarder et me plongeais dans l’histoire.
Là encore je fus sous le charme de cette histoire apparemment simple. Ce récit d’une amitié entre deux garçons au caractère diamétralement opposé. Cette histoire m’évoquait mes propres souvenirs d’enfance, avec les jeux, les défis lancés entre copains.

Je ne pus m’empêcher de songer à Don Quichotte, personnage également double dont les crises de folie chevaleresque trouvent leur équilibre grâce au flegme détaché, matérialiste et goguenard de Sancho.
Il y a un peu de ça entre Don et Chubby. Le gros et le hiératique, le terre à terre et celui qui ne vit que pour son étoile, l’action extrême et la couardise passive.
Je ne rentrerai pas dans les détails de l’intrigue. Le titre, ”Le début et la fin”, tout en traçant les extrêmités entre lesquelles nos héros chemineront, fait échos au commencement et à la fin de chacun des trois tomes de cette série. Cette répétition des mêmes planches sur le début et la fin des trois albums évoque un songe entêtant, une ritournelle fataliste, une balade au coeur de l’humain. J’admire la fausse simplicité du scénario de Zentner. Un scenario aux multiples tiroirs qui explore les facettes de l’enfance. A chaque lecteur d’ouvrir ou de refermer telle ou telle case de ses propres souvenirs. De ce sentiment d’amitié que l’on croit éternel, et qui l’est effectivement puisqu’il s’imprime au plus profond de nous, Zentner et Sala, tels les trois nornes mythiques, tissent un récit dense sur les relations d’amitiés vouées au temps et au destin.
Le choix de transposer l’action dans les States des années 70, baignées de comics et des films de Lucas, de rock et de sexe, amplifie le sentiment d’intimité entre le lecteur (surtout peut-être pour les trentenaires comme moi 😉 et les protagonistes.
La force du dessin de Sala, l’intensité lyrique de sa couleur directe donne une forme touchante aux jeux périlleux de l’enfance.

Après le road-movie introspectif “Replay”, je me demandais quelle trajectoire allait prendre le tandem Zentner/Sala. Et ce fut une surprise de les découvrir plongés cette fois-ci dans la noirceur d’un récit de SF pétrie par la religion et les mythologies.
Cette fois non plus je ne fus pas déçu.

Le premier tome de Nicolas Eymerich ouvre à nouveau d’autres univers au graphisme de Sala. Et si la première planche du tome 1 surprend par son aspect “université américaine ensolleillée”, c’est pour mieux contraster avec la superbe double-page suivante. Cette ouverture nous projette violemment et sans ménagement dans un futur sombre entre le “Dune” de Lynch et “l’Alien” de Ridley Scott. L’intrigue de la série (qui fonctionne par deux volumes) se révèle vite aussi tortueuse et perverse qu’une âme damnée!
Nos deux auteurs montrent leur capacité à voir grand, c’est à dire à s’emparer d’un récit pour se l’approprier tout en respectant -aux dires des lecteurs avisés des romans- la série de Valerio Evangelisti. Il faut avouer que cette oscillation entre le moyen-age et le futur a de quoi intriguer.
Cette fois-ci, Sala tord les faciès de ses personnages, éclaire les scènes de tonalités inquiétantes, telles des antichambres de l’enfer, faisant surgir des ombres expressionnistes.
Son inquisiteur, l’impitoyable Nicolas Eymerich, modelé et taillé dans les traits d’un Boris Karloff (fascinant acteur protéiforme) laisse transparaitre une âme d’une noirceur abyssale matinée d’un sang froid de pur granit.
Mais là aussi le récit et les images attisent jusqu’au rougoiement infernal les caractères des personnages. Le dénouement des intrigues menées par Eymerich (il y a quatres volumes à ce jour) bouleverse les notions du Bien et du Mal que nous possédons tous. Nos repères blancs/noirs s’estompent, les visages grimaçants et les masques se fondent, la religion dévoile ses racines multiples et tentaculaires, contradictoires et atemporelles.

Horrifiés et fascinés, nous devinons l’envers de la psyché humaine et de son écorce de chair. Le plein et le vide s’offrent à nous, nous aspirent inexorablement.

Inutile de préciser que j’attends avec impatience le nouvel itinéraire singulier qu’empruntera le tandem Sala-Zentner.

Voir les albums de Jean Louis Thouard.

Par Jean Louis THOUARD, le 26 juillet 2008

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