ON DIRAIT LE SUD
Une piscine pour l'été

En cette période estivale caniculaire de 1976 où la pénurie d’eau se fait sentir et sa consommation fait l’objet d’une surveillance policière, Péroni et Nivel, responsables d’une manufacture située au sein d’une petite bourgade du centre de la France, ont convoqué Max Plume, le délégué syndical de ladite usine. Considérant la notoriété de ce dernier, les deux patrons comptent sur celui-ci pour organiser une campagne de dégraissage et éviter tout débordement social moyennant une compromission très juteuse. Pris de court par cette proposition somme toute alléchante, le syndicaliste se voit octroyé un temps de réflexion. Quelle décision va prendre le syndicaliste qui met en balance son intégrité reconnue par ses collègues ? Ne va-t-elle pas attiser cette sensation étouffante ambiante qui est déjà grevée par les restrictions d’eau et la disparition d’enfants dans le sud de la France ?

 

Par phibes, le 13 mars 2010

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Notre avis sur ON DIRAIT LE SUD #1 – Une piscine pour l’été

Prenant appui sur l’épisode météorologique de 1976, Cédric Rassat nous lance dans une nouvelle série aux allures de chronique sociale auréolée d’un certain suspense. Pour ce faire, il se fait fort de créer un climat assurément pesant par la chaleur naturelle et se permet de le plomber davantage en y intégrant d’une part des manigances plus que douteuses d’un duo de patrons sans vergogne et d’un syndicaliste potentiellement corruptible, et d’autre part la disparition tragique d’enfants dans le sud de la France.

Fort de cet amalgame dont on ne saisit pas pour l’instant la finalité de la chose, Cédric Rassat nous met en présence de personnages qui, dans une certaine indolence perpétrée par la canicule, ne demandent qu’à dévoiler leur jeu, un jeu qui franchit allégrement pour certains le politiquement correct. Pour d’autres, il nous transforme en témoin de leurs habitudes, de leurs vicissitudes, de leurs petits trafics, de leurs recherches. Aussi, l’intrigue qui a pris place dès le départ de cet épisode, semble s’étaler progressivement au point de trouver d’autres ramifications dans un brassage populaire engagé excellemment géré.

Pour notre plus grand plaisir, le mystère reste entier dans cet album et s’étend à tous les protagonistes. Le principal intervenant répondant au nom curieux de Plume (permettant ainsi au scénariste de faire quelques jeux de mots) semble posséder plusieurs facettes que l’appât dangereux du gain va faire miroiter. De même, la gendarmerie, au travers de son capitaine, pourra étonner de par son zèle et son entêtement à chercher des enfants disparus.

Le style graphique de Raphaël Gauthey est on ne peut plus surprenant et se révèle, après avoir assimilé son univers qui s’écarte quelque peu des productions classiques, d’une grande beauté. En effet, grâce à une colorisation chaleureuse apportant un relief et un réalisme confondants, sa mise en scène légèrement statique et anguleuse, campe l’ambiance des années 70 avec une rigueur que l’on reconnaît bien aux illustrateurs. Les flous qu’il ne manque pas d’utiliser çà et là sont adroitement réalisés et mettent bien en évidence les scènes de premier plan. Force est de constater que son travail, d’une grande limpidité, est charmeur et donne envie de le suivre jusqu’au bout de l’aventure.

Un bien bel album débordant de chaleur qui brasse péripéties syndicales, magouilles patronales et disparitions d’enfants sur fond d’analyse sociétale à apprécier pleinement en écoutant la chanson éponyme de Nino Ferrer.

 

Par Phibes, le 13 mars 2010

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