PROPHECY
Volume 1

La police de Tokyo est sur les dents. Un mystérieux individu poste des vidéos sur Internet, annonçant des crimes au nom de la justice ou de la vengeance. Il cache son visage sous un masque de papier journal et se fait appeler Paperboy. 

Or, tous les crimes annoncés se concrétisent dès le lendemain. La section du lutte contre la cybercriminalité est mise sur l’affaire et tente de remonter la piste de cet homme dont les motivations restent floues. Une chose est sûre, son oeuvre commence à faire du bruit sur la Toile et elle reçoit le soutien d’un certain nombre d’internautes.

Par legoffe, le 3 août 2012

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2 avis sur PROPHECY #1 – Volume 1

Tetsuya Tsutsui est de retour pour un nouveau thriller ! L’événement est assez rare pour être souligné. L’homme, en effet, publie surtout sur Internet et c’est seulement son quatrième manga à se retrouver sur papier après Duds Hunt, Reset et Manhole. D’excellents livres qui ont marqué les lecteurs et qui devraient assurer un bon lancement pour Prophecy, d’autant que celui-ci reste dans la veine de ses prédécesseurs.

Cette nouvelle série est, en effet, très sombre, même s’il n’est pas du tout question ici de récit fantastique. L’histoire est inscrite dans la réalité, aussi sinistre soit-elle. L’auteur met un point d’honneur à proposer un manga sévère à l’égard de notre société moderne et, en premier lieu, vis-à-vis de la société japonaise. Il utilise à nouveau, pour cela, le biais des nouvelles technologies, notamment Internet, et met en avant le rôle toujours plus grand des réseaux sociaux.

Ce seinen raconte donc le jeu du chat et de la souris entre une toute récente brigade chargée des cybercrimes et un mystérieux “vengeur masqué” qui a moins des allures de super héros que de personnage inquiétant et dangereux.

Le scénario est mené de façon efficace. Le lecteur est happé par le rythme et la consistance du récit, qui dévoile rapidement la nature du criminel, sans doute pour mieux nous permettre, par la suite, de mettre en avant les personnages et leur psychologie. La mise en place est ainsi bien maîtrisée et complexe. L’engrenage qui se met en place est, lui, assez terrifiant. Seul petit bémol, les “crimes” que l’homme masqué dénonce sur Internet manquent souvent de consistance. Ils sont souvent en décalage avec le style du livre et de celui de Paperboy.

Le coup de crayon de Tsutsui est, lui, toujours sûr. Son style réaliste colle à merveille avec ce thriller inquiétant, qui nous raconte comment des marginaux ou des révoltés sociaux du XIXe siècle pourraient faire éclater leur colère dans une société interconnectée, où l’information et la désinformation circulent à une vitesse vertigineuse.

Par Legoffe, le 3 août 2012

Les nouvelles technologies, et surtout les réseaux sociaux, sont en train de radicalement changer la donne en matière de communication et d’engagement. En effet, quand il s’agit de faire passer un message immédiat, sans recul, de s’en assurer une plus grande visibilité, rien ne vaut le net, Youtube, Twitter et j’en passe. Cette série vogue donc sur ces nouveaux phénomènes, mais aussi sur ces appels à une certaine action masquée comme on a pu le voir récemment avec des groupes comme Anonymous, plusieurs individus pour une entité !

Dès le début on est donc plongé dans une intrigue ou le "méchant" de l’histoire se propose de venger les victimes d’affronts, de sévices en s’attaquant pour de bon aux coupables, il se substitue à la justice qui n’a pas fait son boulot. L’idée n’est pas très neuve en soi, elle montre surtout qu’en effet, de plus en plus, émerge une volonté de remettre en question la légitimité d’une justice sélective, d’un ordre, d’un pays. On avait déjà pu voir le même style de schéma avec V for Vendetta, avec Channel Zero… Des "justiciers" aux revendications pro-actives qui laissaient planer une certaine ambiguïté sur cette justice personnelle, sur leurs intentions et leurs actions, même si comme ici elles peuvent se justifier ! Néanmoins, laisser ce genre d’initiative à des individus sans aucune légitimité c’est l’ouverture vers l’anarchie (et quand bien même !). Et c’est pour ça qu’entre en jeu le second élément de ce récit, la section anti-cybercriminalité qui va donc partir à la recherche de ce "Paperboy" qui annonce online ses prochaines victimes.

L’enquête est vraiment prenante, très détaillée, à tel point qu’on a presque l’impression d’être dans un whodunnit moderne ! On suit les pistes avec les "cyberpoliciers", on observe les bandes vidéo, on écoute les interrogatoires… On avance avec eux ! Et le mystère qui plane sur l’ensemble de ce premier volume est passionnant. J’émets juste un bémol sur la nécessité de révéler la base de cette histoire dans la dernière partie, trop en révéler aux lecteur lui gâche un peu le plaisir. Ça aurait mérité qu’on découvre tout ça progressivement, sans entrer aussi frontalement dans le creux du secret !

L’écriture de Tsutsui est assez agréable, même s’il a une propension à glisser des éléments qui déséquilibrent le récit (sa gestion très maladroite des personnalités d’Erika, de Manabu ou Daiki nous amène régulièrement des scénettes complètement inutiles qui font même tâche au milieu de l’intrigue). Graphiquement, je ne suis pas toujours très fan, par contre, ce style photographies calquées a tendance à vider le contenu émotif du dessin, avec un encrage très plat, voir presque clinique qui ne laisse passer aucune texture, aucune graisse, voir même qui semble maladroit dans les angles. Néanmoins, c’est bizarre, mais cela va parfaitement dans le sens du récit, de l’écriture ! Donc pourquoi pas ?
Toutefois, c’est une série assez intrigante, malgré son côté quelque peu prévisible, suffisamment en tout cas pour m’amener à lire la suite !!!

Par FredGri, le 12 mars 2013

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