REPLAY
La fin... ...et le début
Don est toujours dans ce même bar, face à ces 3 mêmes hommes, avec une partie de poker prête à commencer… 1996 : Don est revenu sur ses pas, rejoindre Monna. Et la chance l’a abandonné. Pour la 1ère fois, il perd. En manque d’argent, il va demander de l’aide à Chuby, ce vieil ami qu’il n’a pas revu depuis longtemps : et tout va recommencer…
Par Gdseb, le 1 janvier 2001
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
2203389869
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3 avis sur REPLAY #3 – La fin… …et le début
Une série qui se termine de façon magistrale. Une mécanique bien huilée, pour répondre à cette question : « ou, quand a bien pu réellement commencer cette partie »
Cela coule de source, comme le destin de Don : prisonnier, il se croit maître de sa vie, mais il se leurre.
Une série sur l’homme, l’amitié, l’amour, la chance, la superstition, l’égoïsme, le destin, la vie.
Qu’est ce qui compte pour un homme qui perd tout? Recommencer, juste recommencer
Par Gdseb, le 16 mars 2003
Je suis un peu moins enthousiaste sur cette conclusion !
Bien qu’étant vraiment très intéressante, je la trouve un peu fade et finalement tout à fait dans le propos du reste, une longue fuite vers soi, sans espoir de s’en sortir ! Ce qui me plait aussi c’est le refus de Zentner de donner aux lecteurs ce qu’ils voulaient, jusqu’au bout ce Don n’aura aucune consistance et c’est ce vide, ce manque de vibration qui vont le perdre ! Je trouve encore une fois qu’il manque de fond dans cette histoire, quelque chose qui trenscende chaque page. Pour cela on se contentera du graphisme époustouflant de Sala qui, une nouvelle fois transporte le lecteur vers des voies plus torturées. Sa gamme colorée accentue la mélancolie ambiante de cette série !
Vraiment à découvrir !
Par FredGri, le 21 août 2003
ARTICLE DE JEAN-LOUIS THOUARD :
De Replay à Eymerich
Je ne connaissais pas vraiment Valerio Evangelisti. Son nom m’évoquait sans doute un auteur de SF? De fantastique?
Je ne savais pas trop au juste.
Par contre les noms de Zentner et Sala m’étaient familiers.
Dès le premier Replay j’avais été séduit par le graphisme très personnel de David Sala. Une manière bien à lui d’aborder l’ambiance d’une histoire. Une manière que je qualifierai de “plastique”, de “picturale”. J’avais immédiatement remarqué la couverture du tome 1 de Replay. Loin des mise en couleur conventionnelles, les deux personnages (anti-héros) baignant dans une atmosphère urbaine et moite aux teintes chaudes et intimistes.
Lorsque j’ouvrais l’album, je ne fus pas déçu par le décalage, somme toute assez répandu, entre le graphisme de couverture et les planches intérieures. Au contraire. La même richesse picturale emplissait les cases, faisait vibrer les personages, les décors, les ciels…
J’étais comblé par ce foisonnement de couleurs, d’éclairages, de textures. Un vrai régal pour les yeux!
J’achetais donc l’album sans plus tarder et me plongeais dans l’histoire.
Là encore je fus sous le charme de cette histoire apparemment simple. Ce récit d’une amitié entre deux garçons au caractère diamétralement opposé. Cette histoire m’évoquait mes propres souvenirs d’enfance, avec les jeux, les défis lancés entre copains.
Je ne pus m’empêcher de songer à Don Quichotte, personnage également double dont les crises de folie chevaleresque trouvent leur équilibre grâce au flegme détaché, matérialiste et goguenard de Sancho.
Il y a un peu de ça entre Don et Chubby. Le gros et le hiératique, le terre à terre et celui qui ne vit que pour son étoile, l’action extrême et la couardise passive.
Je ne rentrerai pas dans les détails de l’intrigue. Le titre, ”Le début et la fin”, tout en traçant les extrêmités entre lesquelles nos héros chemineront, fait échos au commencement et à la fin de chacun des trois tomes de cette série. Cette répétition des mêmes planches sur le début et la fin des trois albums évoque un songe entêtant, une ritournelle fataliste, une balade au coeur de l’humain. J’admire la fausse simplicité du scénario de Zentner. Un scenario aux multiples tiroirs qui explore les facettes de l’enfance. A chaque lecteur d’ouvrir ou de refermer telle ou telle case de ses propres souvenirs. De ce sentiment d’amitié que l’on croit éternel, et qui l’est effectivement puisqu’il s’imprime au plus profond de nous, Zentner et Sala, tels les trois nornes mythiques, tissent un récit dense sur les relations d’amitiés vouées au temps et au destin.
Le choix de transposer l’action dans les States des années 70, baignées de comics et des films de Lucas, de rock et de sexe, amplifie le sentiment d’intimité entre le lecteur (surtout peut-être pour les trentenaires comme moi 😉 et les protagonistes.
La force du dessin de Sala, l’intensité lyrique de sa couleur directe donne une forme touchante aux jeux périlleux de l’enfance.
Après le road-movie introspectif “Replay”, je me demandais quelle trajectoire allait prendre le tandem Zentner/Sala. Et ce fut une surprise de les découvrir plongés cette fois-ci dans la noirceur d’un récit de SF pétrie par la religion et les mythologies.
Cette fois non plus je ne fus pas déçu.
Le premier tome de Nicolas Eymerich ouvre à nouveau d’autres univers au graphisme de Sala. Et si la première planche du tome 1 surprend par son aspect “université américaine ensolleillée”, c’est pour mieux contraster avec la superbe double-page suivante. Cette ouverture nous projette violemment et sans ménagement dans un futur sombre entre le “Dune” de Lynch et “l’Alien” de Ridley Scott. L’intrigue de la série (qui fonctionne par deux volumes) se révèle vite aussi tortueuse et perverse qu’une âme damnée!
Nos deux auteurs montrent leur capacité à voir grand, c’est à dire à s’emparer d’un récit pour se l’approprier tout en respectant -aux dires des lecteurs avisés des romans- la série de Valerio Evangelisti. Il faut avouer que cette oscillation entre le moyen-age et le futur a de quoi intriguer.
Cette fois-ci, Sala tord les faciès de ses personnages, éclaire les scènes de tonalités inquiétantes, telles des antichambres de l’enfer, faisant surgir des ombres expressionnistes.
Son inquisiteur, l’impitoyable Nicolas Eymerich, modelé et taillé dans les traits d’un Boris Karloff (fascinant acteur protéiforme) laisse transparaitre une âme d’une noirceur abyssale matinée d’un sang froid de pur granit.
Mais là aussi le récit et les images attisent jusqu’au rougoiement infernal les caractères des personnages. Le dénouement des intrigues menées par Eymerich (il y a quatres volumes à ce jour) bouleverse les notions du Bien et du Mal que nous possédons tous. Nos repères blancs/noirs s’estompent, les visages grimaçants et les masques se fondent, la religion dévoile ses racines multiples et tentaculaires, contradictoires et atemporelles.
Horrifiés et fascinés, nous devinons l’envers de la psyché humaine et de son écorce de chair. Le plein et le vide s’offrent à nous, nous aspirent inexorablement.
Inutile de préciser que j’attends avec impatience le nouvel itinéraire singulier qu’empruntera le tandem Sala-Zentner.
Voir les albums de Jean Louis Thouard.
Par Jean Louis THOUARD, le 26 juillet 2008
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