SEQUANA
Le pyrogène

Dans le Paris de 1910, alors que les intempéries noient la capitale, Jean Faure et sa jeune otage Alice Treignac se terrent pour échapper à la gente policière. Mais la trahison d’un des comparses du malfrat oblige les deux fugitifs à fouler à nouveau le pavé parisien pour enfin trouver une planque précaire dans les sous-sols inondés de la ville. Entre temps, l’archevêque Chelles sent, dans ses moments de clarté, sa raison vaciller au grand dam de son majordome Pétillot. Il est fort à parier que ces deux individus en quête d’une éclaircie dans leur destin peuvent à tout moment voir leur mince espoir basculer irrémédiablement.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur SEQUANA #2 – Le pyrogène

Du nom du tableau réalisé en 1910 par Georges Braque, peintre adepte du cubisme, ce deuxième épisode de "Séquana" reprend les mêmes protagonistes pris dans une tourmente dépassant allégrement les évènements météorologiques que connaît la capitale française en ce début du 20ème. En effet, Jean Faure, bandit en cavale, poursuit sa quête vers une liberté bien difficile à atteindre. De même, en proie à un questionnement incessant, l’archevêque Chelles se voit, petit à petit, sombrer dans un chaos psychologique.

N’abandonnant pas pour autant l’action, le jeune scénariste, Léo Henry, renforce en cet épisode l’étude de ses deux principaux personnages et les fait patauger dans une ambiance historique des plus plombées. Sans nous faire essuyer une déferlante de rebondissements, celui-ci s’attarde langoureusement sur Faure et Chelles en nous abreuvant de réflexions désabusées en osmose avec les intempéries extérieures. L’atmosphère ainsi créée est empreinte d’une sorte de fatalisme dont les concernés se sont faits les dépositaires.

Bien sûr, un lien subsiste entre ces deux personnages et se déclarera bientôt d’une façon surprenante. On ne pourra qu’assister à cette longue scène tragique qui, bien amenée et sans dialogue superflu, bouleversera plusieurs destinées.

"Le pyrogène" est l’occasion pour Stéphane Berger de faire éclater son énorme talent de dessinateur qui a bien évolué depuis la trilogie de "Sir Arthur Benton". Adepte du pinceau et de la couleur directe, réfractaire à l’encrage, ce dernier tient ferme la barque picturale. On ne se lassera pas d’admirer les superbes extérieurs parisiens baignant dans l’eau d’un réalisme excellent. De même, les différents portraits qu’il exécute tantôt dans des pleines pages ou dans de nombreuses petites vignettes, sont d’une beauté et d’une expressivité rares. L’emploi des couleurs est en parfaite corrélation avec le ton de l’ouvrage et appesantit l’atmosphère sombre et oppressante.

Il n’y a pas de doute à avoir, cette série a, pour ma part, un excellent potentiel que le lecteur pourra apprécier en s’accaparant avec fièvre sa substance.

Par Phibes, le 15 février 2009

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