SEQUANA
La cathédrale engloutie

En cette fin de mois de janvier 1910, Jean Faure, le responsable du rapt d’Alice Treignac, a été arrêté par la police parisienne pour un crime qu’il n’a pas commis. Alors que Monseigneur Chelles, perdu dans sa folie meurtrière, erre comme une âme en peine, les compères du détenu décident de passer à l’action afin de le faire évader. De son côté, Alice Treignac a pris pour parti de faire tomber le prélat en intentant des démarches auprès du Saint-Siège pour tenter d’innocenter son amant. Pendant que Paris, sous l’effet des intempéries, prend l’eau de tout côté et que la foule gronde, certaines initiatives personnelles se doivent d’être prises à contre-courant.

Par phibes, le 6 décembre 2009

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Notre avis sur SEQUANA #3 – La cathédrale engloutie

Paris et la terrible crue dont la capitale fut la proie en 1910 reviennent pour la troisième et dernière fois dans la superbe saga "Sequana" initiée de main de maître par Léo Henry et Stéphane Perger. Totalement immergés dans leurs péripéties historiques, les auteurs poursuivent leur fiction tout en influant adroitement sur les vicissitudes du kidnappeur Jean Faure et de son ex-victime Alice Treignac.

En cet épisode, Jean Faure, malfrat de son état, est devenu malencontreusement une victime du système. Afin d’échapper à une sanction qu’il ne mérite certainement pas, ses compagnons d’infortune depuis le premier tome, ont décidé de tenter le tout pour le tout pour le sortir de sa situation embarrassante. Cette volonté de faire justice est l’occasion de voir évoluer des personnages dans des emplois inhabituels tels le jeune Thibault, fils de policier, qui se transforme en bandit de grand chemin pour délivrer un autre bandit d’origine. Pareillement pour Alice Treignac, dotée d’une force de caractère hors du commun et pleine de ressources, qui remue ciel et terre pour secourir son ancien kidnappeur.

On se délectera de la tournure des évènements qui atteignent des débordements excellents et qui ne manqueront pas de surprendre par leur portée historico-dramatique imparable, complétée par des embruns de folie. Certes les rebondissements vont bon train et nous permettent d’atteindre un final admirablement amené qui en dit long sur les destinées de chacun.

Cet opus est également une extraordinaire rétrospective d’un événement réel qui frappa profondément la Capitale française. Par ce biais, Léo Henry s’accapare les dates de cette catastrophe pour évoquer quelques unes des mesures prises par les autorités en vue de s’adapter aux effets néfastes de la crue. De même, il n’hésite pas à rappeler les mouvements de foule qui générèrent une crise sociétale de grande ampleur.

Stéphane Perger est assurément un dessinateur de très grand talent. Son travail en couleur directe que l’on a déjà pu apprécier par ailleurs dans le premier cycle de la série "Sir Arthur Benton" est purement époustouflant. Il parvient sans difficulté à retracer les ambiances humides de Paris du début du 20ème dans un réalisme confondant et dans des pleines pages sublimes. Les perspectives sont admirablement travaillées, les personnages aux "gueules" imprécises sont charismatiques, le tout dans un choix de couleurs à la palette subtilement utilisée.

"La cathédrale engloutie" est un album faisant partie d’une trilogie d’une rare intensité dont les évènements naturels évoqués feront l’objet, à l’occasion du centenaire en 2010 de la crue de la Seine, de manifestations et d’expositions dans la Capitale. Remarquable !

Par Phibes, le 6 décembre 2009

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