SHERLOCK HOLMES SOCIETY
L'affaire Keelodge

Avec cette nouvelle aventure policière qui rentre au catalogue 1800 de la maison Soleil, Sylvain Cordurié conforte sa place de scénariste privilégié. En effet, à l’origine de pas moins de six histoires différentes parues dans cette collection (Sherlock Holmes & Les Vampires de Londres, Sherlock Holmes & le Necronomicon, Mandragore (La),…), dont cinq dédiées au personnage créé par le romancier britannique Sir Conan Doyle, l’artiste trouve son rythme pour cette fois-ci s’étaler sur un arc de 4 épisodes successifs (dessinés par différents illustrateurs) et son inspiration pour nous embarquer dans un nouveau récit qui se veut on ne peut plus angoissant.

Ce premier épisode qui prend naissance juste après que l’affaire de Jack l’éventreur ait été « classée » envoie notre héros sur le territoire de l’Irlande du Nord pour une enquête ô combien spéciale. Transformant le fin limier en un agent d’intervention militaire, Sherlock Holmes se doit de participer à une mission de tous les dangers, où la mort la plus mordante rôde à tous les coins de rue. Dans cette atmosphère terrorisante, Sylvain Cordurié joue la carte de l’horreur tout en introduisant un mystère prégnant lié à une épidémie particulièrement effrayante.

Il en ressort un début d’intrigue sombre où le suspense prend toute sa place, le détective ayant comme adversaire une entité impalpable puisqu’il s’agit d’une épidémie dont l’origine est à découvrir. Force est de constater que le scénario est habilement structuré, d’une intensité parfaite et entretient une ambiance tout du long remarquablement pesée. Sylvain Cordurié gère superbement ses personnages, mettant bien en avant leurs caractères, leurs déterminations, leurs peurs, en particulier Sherlock Holmes et son esprit d’analyse hors pair souvent relatés au travers d’une narration personnelle très présente (surtout au niveau de la mission), Watson et son affliction par rapport à son éminente collègue disparue.

Après avoir œuvré dans la série 2021, Stéphane Bervas reprend du service et vient nous offrir un travail particulièrement appréciable. Illustrer les aventures policières du 19ème siècle semble être pour lui un bon exercice pour démonter qu’il a du potentiel et qu’il sait le mettre à profit à la faveur d’un trait réaliste éprouvé. Respectant pour cela le graphisme imposé par le cahier des charges de la collection 1800, l’artiste montre qu’il sait être incisif, mordant quand il s’agit de dépeindre des actions les plus terrifiantes. A n’en pas douter, ses aptitudes lui permettent de mettre en avant des personnages pour le moins charismatiques dans des décors pour le moins profonds.

Un début d’affaire très prometteuse qui a l’avantage d’être lu d’une traite tant Sherlock Holmes et ses circonvolutions restent convaincants. Sensations fortes garanties !

Par Phibes, le 27 avril 2015