SORTILÈGES
Livre 4

C’est jour de liesse dans le royaume d’Entremonde. Blanche est sortie victorieuse de la grande bataille dans les marais d’Aspergus et a retrouvé, de fait, sa place de reine. La sorcière Miranda a été mise au rebut. Maldoror, le seigneur du Monde d’En Bas, semble jouir d’une grande satisfaction sur la tournure des évènements et espère la reconnaissance de sa dulcinée royale. Donc, tout semble aller pour le mieux pour Entremonde. Sauf que grisée par ce pouvoir nouveau, Blanche a décidé de remettre en question certains de ses engagements vis-à-vis de ses alliés zombies. La mort de son frère va accélérer le mouvement et consumer l’amour qu’elle portait à Maldoror. Blanche quitterait-elle la lumière pour l’ombre ?

Par phibes, le 26 novembre 2015

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Notre avis sur SORTILÈGES #4 – Livre 4

La fin du troisième Livre nous permettait de quitter le monde d’Entremonde sur une note presque légère et surtout emplie d’espoir. En effet, le Royaume retrouvait celle qui avait été investie par un père mourant et qui avait été éconduite par une mère et un frère jaloux. Oui, Blanche était enfin replacée dans ses prérogatives royales et aurait pu ainsi jouir de cet amour que Maldoror, le seigneur déchu du Monde d’En-Bas lui témoigne depuis leur rencontre.

Mais il n’en est rien puisque Jean Dufaux a décidé de faire un pied de nez à tout ce que l’on pouvait espérer de meilleur (comme dans tous les contes merveilleux) en faisant basculer, avec la dextérité qu’on lui connaît, la destinée de ses personnages principaux dans des dispositions anticonformistes. De fait, le scénariste joue abondamment sur les caractères, le bon appelant le mauvais, le mauvais appelant le bon, dans un méli-mélo pour le moins surprenant. Ainsi, si Maldoror nous préparait de longue date à son changement de comportement d’amoureux transi prêt à tout abandonner pour filer le grand amour, Blanche, de son côté, a toutes les chances d’étonner plus d’un lecteur par son revirement brutal, tout comme d’ailleurs la petite Aldora.

Aussi, ce quatrième opus qui clôture le second cycle donne une impulsion supplémentaire à la saga, faisant hoqueter la romance bien plus favorablement que si celle-ci avait suivi un déroulement classique. Il va de soi que l’univers baroque dans lequel Jean Dufaux nous a plongé depuis le début ne manque pas de rebondissements, lui permettant de faire des antagonismes originaux (entre deux mondes) et d’user d’un mélange de genres quelque peu ensorcelant et caustique. Entre histoire d’amour, aventure fantastique pour ne pas dire horrifique, humour (un peu moins dans ce tome) et drame, tous les ingrédients sont utilisés avec maîtrise et contribuent pleinement, sous les effets ciselés des dialogues, à la qualité de l’histoire.

José Luis Munuera tire encore une fois son épingle du jeu graphique. Ce dernier reste conforme à ses dispositions picturales du début de cette aventure (que l’on peut retrouver aussi dans Fraternity) et qui confère à son univers coloré une beauté artistique indéniable. Son trait très stylisé est à l’origine de très belles illustrations (les décors en particulier) et donne vie à des personnages qui bénéficient d’une profondeur d’âme perceptible.

Une fin d’histoire remarquablement orchestrée, à la fois cruelle et magique, qui a toutes les chances d’ensorceler celui qui s’y aventure.

Par Phibes, le 26 novembre 2015

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