SOUVENIRS DE LA GRANDE ARMEE
1808 - Les Enfants de la Veuve

Depuis les épisodes sanglants d’Eylau et de Friedland, la compagnie d’élite du 2ème chasseur à cheval jouit d’un repos certes ennuyeux mais bien mérité à Augustowo en Pologne. Après quelques semaines d’inaction, cette dernière, commandée par le sous-lieutenant Decouz, est envoyée dans la forêt polonaise au plus proche de la frontière russe pour une mission de surveillance. Ayant pris possession de son poste aux abords d’une vieille demeure abandonnée, l’escouade se charge tant bien que mal d’occuper les longues journées. C’est lors d’une patrouille de routine que le danger vient assaillir la garde par l’irruption d’une meute de loups enragés. "Mâtin" est gravement blessé. Le lendemain, une battue est organisée au cours de laquelle les militaires atteignent un village qui semble en proie à un profond désarroi : un enfant a été mortellement écharpé par quelque chose de monstrueux, mais quoi ? Le brigadier fourrier Marcel Godart va chercher à savoir.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur SOUVENIRS DE LA GRANDE ARMEE #2 – 1808 – Les Enfants de la Veuve

Le 2ème chasseur refait parler de lui et revient au pas de charge en ce deuxième tome dans lequel Marcel Godart et ses compagnons d’infortunes vont, dans le cadre de leur mission militaire, être confrontés à un ennemi qui n’est pas celui auquel il se frotte habituellement.

Exit les champs de bataille où le rugissement du canon accompagne le cri des assaillants et les plaintes des agonisants. En effet, c’est dans la forêt profonde polono russe que Michel Dufranne alias Miroslav Dragan, auteur très prolifique en cette année 2008 ("La Guilde", "Beowulf", "Les 3 Mousquetaires", "Candide", "La Bible") nous entraîne, à la manière de la série "Les fils de l’Aigle" de Michel Faure, pour une nouvelle épopée historico fictive ayant trait après "1807 – Il faut venger Austerlitz", à l’année 1808. Alors que les hostilités guerrières se déplacent sur le front espagnol, le 2ème chasseur à cheval garde ses marques territoriales et, gagné par l’ennui, fait de l’humanitaire.

Guidé par la prose du personnage central qu’est Marcel Godart, nous pénétrons une intrigue historique mordante, susurrant très légèrement, pendant une courte période, une ambiance fantastique. Fort de son érudition et de ses recherches documentaires sur la campagne polonaise de l’armée impériale du 19ème, le scénariste développe beaucoup plus, en cet opus, l’aspect émotionnel des troupes et moins les faits de guerre que dans le précédent épisode. De même, afin d’exciter le pouvoir d’attraction de son histoire, il y ajoute expertement un zeste de suspense, touche essentielle à son récit qui doit éviter au lecteur de rejoindre l’ennui des soldats. Bien sûr, il va de soi que les rixes font toujours partie intégrante du paysage de la Grande Armée et viennent animer, au rythme des dialogues rustro-patriotiques, les périodes de moindre activité.

Par ailleurs, l’auteur profite de son récit pour évoquer le concept associatif de loges maçonniques et de la franc-maçonnerie au sein de l’armée impériale, mouvement en pleine expansion en ce siècle de conquête territoriale, en y faisant ordonner son personnage principal.

Le dessin d’Alexis Alexander se révèle selon une représentation somme toute minutieuse de la vie des cavaliers du 2ème chasseur. Son trait authentique est bien ajusté et se distingue par une finesse et une miniaturisation excellente de ses graphiques. Beaucoup de détails sont à recenser dans ses vignettes, des costumes militaires à la représentation des chevaux en passant par les décors de la campagne polonaise. La double planche relative à l’agression des loups est admirable par l’effet de violence canine extrême qu’elle suscite. Seul, pêche, à mon avis, le texte en voix-off qui selon la taille des cadres, peut se révéler difficilement lisible.

La colorisation de Jean-Paul Fernandez a également son intérêt et appuie superbement le jeu graphique du dessinateur.

Et maintenant, place à la Veuve et à ses enfants qui, en cette équipée de l’est de la Pologne, vont vivre des moments d’intenses émotions. Une superbe introspection au sein d’un corps militaire inébranlable à maintes fois meurtri.

Par Phibes, le 14 novembre 2008

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