TERRE
La fin des Temps

Partis pour explorer la planète sur laquelle leur navette a atterri, Mandor et sa compagne Beth sont tombés sur l’épave déliquescente d’un énorme croiseur spatial qui s’avère être le Jupiter, le vaisseau qu’ils ont quitté précédemment. Dans son errance, le couple est capturé par des « Intégraux », une secte dirigée par Jean d’Orgueil, grand maître de La Courbe. Mandor y retrouve avec surprise Yss, son amour précédemment disparu, qui a vieilli de 20 ans et qui est désormais à charge de famille. Refusant de s’intégrer, Mandor est séparé de Beth et enfermé dans une cellule où il fait la connaissance d’un personnage singulier, un mystérieux ange aux aptitudes hors normes. Ce dernier l’aide à s’évader de leur cellule en profitant d’une boucle temporelle aléatoire. Pourront-ils se sauver de leur carcan pourrissant ? Pendant ce temps, Monsieur et ses équipes sont toujours à la recherche de Mandor et de Beth. A la suite de la rencontre fortuite avec Swift, ancien de l’Etat-Major du Jupiter emprisonné par les Intégraux, ils se transportent sur les lieux du crash du vaisseau spatial. Là, Monsieur confirme qu’il s’agit bien du croiseur qu’ils ont abandonné il y a peu de temps et qui se trouve en décomposition complète. Quel est donc ce mystère ?

Par phibes, le 13 juin 2023

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Notre avis sur TERRE #3 – La fin des Temps

À la faveur de ce troisième volet, l’aventure dépaysante vécue par l’androïde Mandor et une partie de l’équipage du Jupiter se termine. C’est à la suite de retrouvailles hautes en émotion que l’équipée reprend, celle-ci venant par ce biais marquer définitivement la destinée de ces voyageurs interstellaires du Jupiter et expliquer la particularité temporelle de leur Terre d’asile.

C’est à nouveau Pip, le compagnon d’infortune de Mandor et frère d’Yss, qui reprend le cours de l’histoire. Sous le couvert d’une réelle mélancolie, le narrateur de ce volume relate les péripéties dramatiques vécues d’une part par Mandor, séparé de Beth, mais affublé d’un nouveau personnage qui va lui permettre de faire une découverte frôlant le divin et qui va peser sur un conflit naissant. D’autre part, toujours par le conteur, on prendra connaissance du sort d’Yss et de Beth, ainsi que des survivants du Jupiter et de leur antagonisme avec les anciens naufragés de la communauté des Intégraux.

Le récit reste toujours aussi captivant par le dépaysement qu’il génère. D’un côté, les pérégrinations de Mandor continuent à suivre un parcours qui révèle bon nombre de surprises (les Anges en particulier) et de l’autre, les vicissitudes vécues par Monsieur et ses compagnons de la frégate 3 s’apprécient sur fond d’actions guerrières et de temporalité aléatoire. Tout en se nourrissant de cette originalité inhérente à Leo (découverte de nouveau monde avec un biotope et une communauté atypiques), l’aventure a l’avantage de nous amener profitablement et avec une certaine indolence vers un final contemplatif non dénué de sensibilité.

Christophe Dubois trouve encore une fois le moyen de nous épater. A force de coups de crayon et de recherche picturale exotique, l’artiste parvient à nous faire évader de notre univers pour intégrer celui d’une Terre futuriste certes dégénérescente et totalement transposée. Les décors hors norme (parfois démesurés) qu’il crée sont d’un esthétisme ô combien impressionnant et ne sont pas sans rappeler le travail réaliste très hachuré de Schuiten. La représentation de ses personnages se veut des plus concluantes, ces derniers bénéficiant d’une belle expressivité.

Une histoire futuriste à la fois spatiale et terrienne attachante qui vaut pour ses drames, son originalité et ses effets indolents adroitement mixés. Une fin d’aventure de six volets réussie qui nous fait espérer d’autres productions des mêmes auteurs.

Par Phibes, le 15 juin 2023

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