TOUT PRATT
Les Scorpions du Désert 1

D’octobre 1940 à janvier 1941, près de Djaraboub (Libye). La mission d’une poignée de soldats de l’armée britannique du "Long Range Desert Group", les fameux "Scorpions du désert" : le lieutenant Koinsky (du P.A.C.), le lieutenant Kord (du R.H.) et Hassan Beni Muchtar. Mais, au sein même du L.R.D.G, un traitre sévit…

Par berthold, le 22 décembre 2019

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Notre avis sur TOUT PRATT #23 – Les Scorpions du Désert 1

Les Scorpions du désert sont une section spéciale du "L.R.D.G." Une unité britannique irrégulière formée en Egypte en juin 1940 pour les opérations dans le désert d’Afrique Occidentale" (Didier Platteau).

Hugo Pratt connait bien cette période, ce coin d’Afrique : l’Ethiopie, il y a vécu de 1937 à la fin de la guerre pratiquement. Il dit avoir rencontré la plupart des protagonistes de ce récit. Il crée des personnages forts, des "gueules", pour ce récit : KOINSKY : un polonais, un héros différent de Corto Maltese : plus dur, plus cruel, plus cynique, plus moderne. KORD : il ressemble physiquement à Clark Gable, séducteur, sympathique, mais il cache quelque chose. HASSAN : un révolutionnaire Bédouin qui dit travailler pour les anglais, juste pour l’argent.
Et puis, il y a Judittah CANAAN : une juive de Palestine, qui est contre les anglais impérialistes, mais qui s’allie à eux pour lutter contre les nazis. Une très jolie femme, forte comme le sont la plupart des personnages féminins de Pratt.
N’oublions pas STELLA, l’officier italien, sympathique qui est plus attiré par l’or que par la défense des intérêts de son pays. Et surtout on retrouve Cush, l’ami de Corto Maltese ("Les éthiopiques") qui ne semble pas avoir beaucoup vieilli, toujours un tueur, mais aussi poète. Cush nous donnedes informations sur le devenir de Corto qui aurait disparu pendant la guerre d’Espagne.

Les Scorpions du Désert  est aussi unalbum contre la guerre. Les héros ne sont pas tous propres, ils sont autant salauds les uns que les autres : par exemple, Koinsky mitraillant un camion de soldats italiens pour être sûr qu’il n’y a pas de survivants. Ou lorsqu’il abat le traître qui s’enfuit à bord d’un dhow, un triple passage en avion pour être certain ("les scorpions ont la vie dure…" dit-il). Pratt aborde aussi le problème juif, la Palestine avec Judittah et Hassan.

Du point de vue scénario, c’est du meilleur Pratt : un chef d’œuvre : des dialogues savoureux, un zeste d’humour. Pratt et Stella parlant de cinéma, d’Errol Flyn et d’Alicia Faye. Pratt donne aussi de l’importance aux seconds rôles. C’est aussi un beau récit humaniste.

Graphiquement, Pratt est au meilleur de sa forme. Les planches sont de toute beauté. Le désert ressort superbement dans ces pages. Sa mise en scène nous renvoie à David Lean ("Lawrence d’Arabie"). Jamais le désert n’aura été aussi bien rendu.

C’est encore une de ces œuvres de Pratt que je ne me lasse pas de relire. Je reste toujours autant  époustouflé devant toute cette maestria.
Un album que je ne peux que vous conseiller chaudement.

Par BERTHOLD, le 22 décembre 2019

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