TUEUR AFFAIRES D'ÉTAT (LE)
La face cachée de l'abîme

La série Initiale, « Le Tueur », date déjà de 26 ans… Paru en 1998, le premier tome avait à l’époque marqué le monde de la BD, aussi bien graphiquement que scénaristiquement. Aujourd’hui, cette suite est pour moi toute aussi immanquable.
Ce 5° opus est une nouvelle fois une vraie réussite.

Matz nous offre des textes d’une très grande profondeur qui nous font réfléchir sur notre monde et tout ce qui nous entoure. Loin des clichés, il nous parle d’une réalité dont parfois on ne veut pas entendre ou voir. Une réalité qui peut nous paraitre loin et qui pourtant est tellement proche de nous, au quotidien.
Le Tueur, lui, est presque un prétexte pour nous dévoiler les affaires d’État qui polluent notre monde. Avec un découpage aux petits oignons, Matz et Jacamon nous proposent une fois de plus un album à la fois rythmé et très bien posé. Car on prend le temps de découvrir les scènes et les paysages, les rues et les personnages. « Posé » comme le fusil du tireur d’élite, « posé » comme le temps qu’il faut pour ajuster, viser, respirer et enfin… tirer. « Rythmé », car on ne s’ennuie pas une seconde, et quand, comme le tueur, on retient son souffle, la balle part et d’un seul coup on sent la pression retomber.

Du coté des illustrations, le travail merveilleux de Luc Jacamon est une fois de plus indéniable. On s’arrête sur des planches graphiquement très travaillées, avec des couleurs rehaussant l’ensemble. Les illustrations de pleine page, ou les découpages ciselés sont toujours autant réussis.

Encore un album ou le Tueur nous en dit un peu plus sur lui. Même si l’on peut s’en douter, un cœur bat dans sa poitrine d’homme rude et solitaire. Accompagné de Barbara et de la fameuse voix off qui signe clairement cette série, le Tueur peut se confier…

Un album qui en appelle d’autres et tant mieux, car on aime ça.

Par AUB, le 3 avril 2024