UTOPIE
Volume 1

Après avoir travaillé ensemble sur Dickens et Dickens, Iruène, Rodolphe et Griffo se retrouvent pour une nouvelle histoire sous l’égide de Delcourt. Prévue en trois volets, elle nous entraîne dans le futur, au sein d’une société baignant dans une béatitude ambiante bien surprenante. Evidemment, eu égard au titre de cette série, il ne fait pas l’ombre d’un doute que ce cadre idyllique cache bien quelques défaillances auxquelles va être mêlé le personnage principal, Will.

Ce tome d’ouverture donne l’occasion de planter le décor, un décor pour le moins aseptisé dans lequel les hommes et les femmes appartenant à une certaine caste mènent une existence sans souci, bienheureuse, contrôlée toutefois par une « police » droïde du bien-être. Cette société ouatée, réglée et conditionnée par deux êtres supérieurs, Carla et Andy, fait la chasse via ses brigades de nettoyeurs à tout ce qui pourrait ébranler sa stabilité.

Fort de ce concept au demeurant idyllique, Rodolphe initie une craquelure dans ce système visiblement artificiel voire utopique (d’où le titre) qui va bousculer la destinée de Will et ouvrir son esprit. Et par ce biais, l’auteur lance son intrigue et installe son personnage principal dans une dérive progressive, le transformant dissident du système et lui permettant de découvrir l’envers du décor. Il ne fait aucun doute que la teneur de cette première partie telle que présentée attise la curiosité et donne réellement envie de voir comment les investigations mouvementées de ce personnage associés à d’autres va évoluer.

Côté dessins, Griffo est à son affaire. D’un trait que l’on sait aiguisé eu égard à sa belle biographie (Monsieur Noir, SOS Bonheur, Petit Miracle, L’ultime chimère…), il parvient à représenter efficacement cette société futuriste qui semble posséder plusieurs facettes. Le geste reste donc averti qui met en avant un décorum stylisé et des personnages qui donnent envie de les suivre.

Un premier volet captivant qui nous ouvre les portes d’une société moderne au cadre bienfaisant mais qui semble cacher quelques faiblesses inavouées. A suivre donc !

Par Phibes, le 21 novembre 2023