VAGABOND DES LIMBES (LE)
Pour trois graines d'éternité

Exaspéré par l’apathie d’Axle Munshine et son addiction au translator, Musky prend la ferme résolution de secouer son compagnon d’infortunes. Mais en arrivant dans le laboratoire de ce dernier, elle le retrouve inanimé, baignant dans une mare de sang, portant à croire que l’ancien conciliateur s’est suicidé. Pourquoi ce geste radical qui ne lui ressemble pas ? Une seule chose s’impose, celle de vérifier les enregistrements holographiques des rêves d’Axle pour savoir ce qui l’a poussé à cette fatalité. Aidé en cela par le professeur Matt Gammone qu’il a pris soin de réanimer, Musky retrace le parcours vaporeux et sombre du songeur, toujours hanté par la belle Chimeer et manipulé sauvagement dans ses rêves par un sinistre personnage dont les terribles prétentions ne vont pas tarder à être dévoilées lors d’un rendez-vous sur la terrible planète de la Tortue.

 

Par phibes, le 1 octobre 2010

Notre avis sur VAGABOND DES LIMBES (LE) #8 – Pour trois graines d’éternité

Cet épisode plombe immédiatement l’ambiance en affichant dès la deuxième planche le suicide du personnage principal. Sur ce constat assez déprimant, on se demande comment Christian Godard va pouvoir maintenir son histoire d’amour impossible par le fait qu’Axle Munshine n’a plus goût à l’aventure et qu’il est déclaré "out" dès le début. Mais c’est mal connaître le scénariste qui d’un coup d’inspiration ajustée, va exploiter le geste radical du vagabond des limbes pour alimenter de nouvelles péripéties "limbiques".

La motivation d’une telle attitude (que l’on peut comprendre à moitié de part la personnalité tourmentée d’Axle qu’il véhicule depuis le début de la saga), est le fil conducteur de ce 8ème tome. C’est ainsi que l’on voit apparaître, au travers d’une rétrospective holographique, ce qui a causé le malheur d’Axle et par extension ce qui va bousculer la destinée de Musky.

Christian Godard joue agréablement des deux côtés du miroir et tisse une manipulation tordue et oppressante. Chimeer, le fantasme du grand conciliateur, prend corps dans des conditions assez déroutantes, perdue entre deux univers, et qui ne manqueront pas de faire réagir le principal concerné. L’ambiance qui en découle est à l’image du cerveau du pauvre Axle, un tant soit peu dérangée. Ça rêve tout haut, ça gesticule, ça manipule sournoisement, ça se donne rendez-vous et ça se termine par un duel sidérant.

Le graphisme conserve sa part habituelle de réalisme et reste donc d’une qualité qui n’est pas à négliger. Tantôt épuré de tout artifice, tantôt regorgeant d’un détail affriolant, les arrière-plans dévoilent une quête d’originalité qui se veut encore aujourd’hui assez surprenante. Malgré un ombrage qui semble avoir été pulvérisé sommairement dans certaines vignettes, le rendu général a son charme. On ressent de la part du dessinateur une envie de libérer quelques effluves sensuels via la belle Chimeer transformée en objet quelque peu martyrisé.

Un épisode attrayant qui se noie dans des circonvolutions surprenantes, presque cauchemardesques, et qui ne peuvent que convenir à la personnalité hors norme du fameux vagabond des limbes.

 

Par Phibes, le 1 octobre 2010

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