VAMPYRIA INQUISITION
Les vendanges pourpres

Victor Dixen poursuit l’adaptation de son univers vampirique développé en premier lieu en romans entre 2020 et 2022. Après un premier épisode qui nous faisait découvrir l’architecture de son uchronie conçue autour du sombre Code Mortel et de l’équipée romanesque sanguinolente du héros Sylvère, ce deuxième volet nous permet de le retrouver totalement changé, physiquement et socialement, à la suite de sa transmutation et de son reclassement en tant qu’Inquisiteur.

L’aventure continue donc, cette fois-ci sous le couvert d’une mission lors de laquelle le héros, tout en préservant sa romance avec sa dulcinée, va devoir faire tomber un noble séditieux et tenter de retrouver son aristocrate criminelle. Cette suite se veut toujours aussi mordante et pour le moins cadencée. On y retrouve évidemment les personnages de la première heure à commencer par Daphnée dont le lien avec Sylvère est appelé à subir des coups de semonces. On y recroise évidemment celle qui est à l’origine du désespoir du héros, la cynique collectionneuse dont on attend la déchéance. Enfin, on y découvre celui qui est à l’initiative des Vendanges Pourpres, adversaire de choix pour l’Inquisiteur et qui va générer des alliés de choix pour celui-ci (Sophie).

L’équipée qui s’ensuit bénéficie d’une intrigue acérée toujours aussi frissonnante, mettant en avant un combat hors normalité dans un univers qui ne l’est pas moins, le tout saupoudré d’amourette contrariée et de soulèvement populaire. Victor Dixen gère bien son histoire dans une Histoire totalement « transmutée » (rappelons que les péripéties se déroulent sous le règne de Louis XIV, non pas roi soleil mais roi des Ténèbres). L’auteur n’hésite pas pour bien cadrer son récit de l’accompagner d’une charge narrative et d’un choix de dialogues pour le moins denses qui ont pour conséquence de casser le rythme dans la première partie et de le précipiter dans la seconde partie. Malgré tout, l’aventure se tient assez subtilement et donne lieu à une fin de mission qui conserve son intérêt.

Graphiquement, Eder Messias continue à marquer des points dans l’illustration de cet univers uchronique. L’artiste nous restitue un contexte historique métamorphosé, très vampirisé mais bien représentatif des fastes de l’époque. Le coup de crayon, relevé par une colorisation plutôt vive, reste efficace dans la gestion des personnages, de leurs attributs dentaires bien développés, de leurs tenues vestimentaires. Pareillement, les décors ancestraux demeurent bien inspirés. A noter les pleines planches qui se veulent bien saisissantes.

Une fin d’équipée bien mordante qui a le privilège de faire découvrir aux amateurs du genre la créativité du romancier Victor Dixen et de les pousser à consulter sa bibliographie.

Par Phibes, le 6 janvier 2024