VINIFERA
Le vin des poilus

En 1916, dans la vallée de La Marne, les soldats français se terrent dans les tranchées et pour tromper leur grande inquiétude boivent le vin qui leur est donné. Originaire du Languedoc, Gaston a rejoint la compagnie stationnée non loin de Reims. Il fait la connaissance de Jacques, un vigneron du cru qui a déjà participé à de nombreuses échauffourées et découvre les ravages que provoque la piquette distribuée aux hommes de rang. Polo est l’un de ceux-là, particulièrement porté sur la boisson et grande-gueule. En prétextant que les crus de Bourgogne sont meilleurs que ceux du sud, il ne manque pas de mettre Gaston hors de lui et de provoquer une altercation. Ce dernier finit par avouer à Jacques les raisons de son geste maladroit en lien avec la révolte vigneronne qui gronde.

Pendant ce temps, dans la ville de Reims transformée en un champ de ruines, la vie continue dans les sous-sols au beau milieu des chais de champagne. Alors qu’il suit des cours d’arithmétique, le jeune Grégoire, fils de Jacques, ne rêve que de travailler dans le vignoble de son père et espère accompagner sa mère Lili au-dehors. Mais celle-ci refuse catégoriquement.

Non loin de la ville, dans la grande propriété des Nordlinger, l’inquiétude est de mise car la guerre a un gros impact sur la bonne marche de l’exploitation familiale.

Par phibes, le 3 avril 2024

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Notre avis sur VINIFERA #15 – Le vin des poilus

Pour la quinzième fois, Eric Corbeyran revient dans cette grande collection de chez Glénat qui a l’avantage de mettre à l’honneur l’Histoire de la vigne et du vin. Choisissant à chaque tome une époque, une thématique liée à la culture de ce breuvage produit sur de nombreux terroirs de France et d’ailleurs, l’auteur fait ici en sorte de recentrer les débats sur la production et la consommation du vin lors de la première guerre mondiale.

Pour illustrer ce propos, l’auteur s’attache à conter la destinée de plusieurs personnages durant ces évènements guerriers en lien direct ou indirect avec le milieu viticole. Pour cela, entre vin ordinaire et vin de prestige, nous faisons connaissance avec Gaston, Jacques, Polo, Grégoire et bien d’autres encore qui nous éclairent via leurs pérégrinations fictionnelles sur le terroir concerné (la Champagne) et sur les usages dans les tranchées concernant la consommation de vin.

Le récit se veut des plus documentés et met à l’honneur dans des accents dramatiques l’Histoire du vin. Celui-ci se voit devenir un accessoire indispensable aux poilus pour minimiser l’horreur de la guerre et donner un semblant de courage à ces derniers. A un autre niveau, il est considéré comme un produit de haute qualité cultivé dans le respect des traditions familiales. Traitée avec dignité et sur plusieurs courants, l’équipée est visiblement conventionnelle mais se veut un très beau témoignage de ces soldats englués dans leurs tranchées et des effets douloureux de leur absence dans leurs familles.

C’est Lucien Rollin qui s’occupe de la mise en images de cette évocation historique. Conformément à ses prérogatives picturales (Le gouffre de Padirac, La bête de l’Apocalypse, Black world…), l’artiste nous livre une partition en totale osmose avec le sujet. Evidemment inspiré par des recherches documentaires, son trait reste bien significatif de cette période guerrière (que ce soit à l’avant ou à l’arrière du théâtre des opérations) sans excès de zèle, avec des personnages caractéristiquement convaincants.

Un tome parfaitement éclairant sur l’Histoire du vin et des hommes lors de la Grande Guerre.

Par Phibes, le 3 avril 2024

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