VOYAGE DE KURO (LE)
Histoire d'une itinérante

Cette nouvelle série Kana, dans la collection “Made in”, ressemble un peu à un conte. Elle met en scène une fille nommée Kuro (qui veut dire “noir” en japonais). Elle cache quelques secrets, notamment sur le mal qui la touche (une sorte de maladie qui l’affaiblit et qui justifierait bien son nom) et sur l’utilité de ce cercueil qu’elle porte sur le dos. Voilà qui est bien étrange. Le lecteur n’en saura pourtant guère plus sur ces deux sujets durant ce premier tome.

L’auteur, en effet, s’attache plutôt à conter ses rencontres au fil du périple qu’elle s’est fixée (avec quelle destination ?). Kuro n’est pas seule. Outre son amie la chauve-souris, elle va rapidement adopter deux filles-chats qui étaient enfermées dans les caves d’un manoir et qui servaient vraisemblablement de cobayes à un savant décédé depuis.

Cette drôle de petite troupe a donc de quoi interpeller les gens qu’elle rencontre. Mais, comme Kuro est une jeune femme au grand coeur, toujours prête à aider son prochain, le mur de la méfiance tombe toujours très vite. C’est d’ailleurs l’un des thèmes prépondérants de ce récit riche de bonheur et d’optimisme. Il rappelle combien il faut éviter de juger les autres sur leurs apparences ou sur les rumeurs qui courent à leur propos. Kuro ouvre ainsi les yeux de certains, par exemple avec le joli épisode sur la soi-disant sorcière de la colline. Les épisodes se succèdent ainsi, racontant ces nouveaux lieux et les rencontres qui s’ensuivent.

L’ensemble, très mignon, nous emmène dans un monde typé “fantasy”, où les époques semblent se mélanger. Les décors sont plutôt inspirés du XIXe siècle, mais on croise aussi parfois des engins plus modernes (l’avion par exemple).
Si cela ne révolutionne pas les codes, l’ensemble est plein de fraîcheur et, surtout, servi par un très beau graphisme, précis, aux traits dynamiques. L’auteur a aussi opté pour une présentation très originale. La plupart des planches sont découpées en deux colonnes de quatre cases. On lit donc, comme tout manga, de droite à gauche, mais aussi… de haut en bas ! Cela déstabilise durant les premières pages puis on s’habitue très bien. C’est assez amusant. Néanmoins, l’auteur sait aussi casser ce rythme de temps à autre, ce qui paraît nécessaire pour éviter une présentation trop monotone. Petit inconvénient, les cases sont un peu petites. On aimerait profiter parfois davantage du talent de la dessinatrice. Certaines cases, heureusement, sont plus grandes et permettent de mieux plonger dans l’univers de Kuro.

Ce titre “jeunesse” est donc une bonne surprise. Il est prometteur et incitera les lecteurs à vite plonger dans le second volume, paru en même temps que le premier. Il faudra ensuite être patients car le tome 3 ne serait pas encore paru au Japon.

Par Legoffe, le 13 mai 2010