WORLD WAR WOLVES
Dieu a de l'humour
En 2015, les Etats-Unis sont la proie d’une épidémie sans précédent qui touche toutes les villes du territoire et qui transforme chaque individu en véritable loup-garou assoiffé de sang. Face à ce terrible fléau, les rescapés ont des réactions différentes. Certains se réfugient derrière les prêches tonitruants du père Elia Lloyd qui s’improvise le bras droit de Dieu.
D’autres ont tôt fait de fuir pour intégrer les bastions de résistances qui n’ont pas manqué de se créer. C’est le cas de John Marshall, écrivain à succès, qui a fui la Louisiane pour venir se réfugier avec sa famille à Las Cruces, ville fortifiée tenue par le sheriff Guerra et sa milice. Après avoir passé les premiers contrôles et pénétré dans la vaste enceinte, le climat qu’ils y découvrent n’est pas fait pour apaiser la tension qui les grève. La ville n’est sure qu’à certains endroits et l’appartement dans lequel ils ont pris place est tout ce qu’il y a de plus rudimentaire.
De son côté, Jérémy Lester qui se trouve à Philadelphia, survit dans une ville partagée en deux parties qui vivent au rythme des assauts de chaque camp. Compte tenu de son état et surtout de ses facultés particulières, il est sollicité par l’armée pour participer à des négociations entre belligérants.
Par ailleurs, Malcolm Spolding est retenu prisonnier par les lycanthropes dans le complexe de Rikers Island. Non pas pour être mangé, ce dernier est maintenu en vie pour assurer la maintenance des machines dont a besoin l’ennemi. Contraint d’assister à des scènes de carnages, il espère pouvoir se carapater.
Par phibes, le 29 juin 2014
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782302038325
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Notre avis sur WORLD WAR WOLVES #1 – Dieu a de l’humour
Cette nouvelle série à sensations et au format comics signe le renforcement des relations professionnelles et assurément amicales entre Jean-Luc Istin et Kyko Duarte. En effet, à l’origine du premier et du 6ème opus (qui sort en même temps que le présent ouvrage) de la saga Elfes, les deux artistes remettent en commun leurs savoir-faire pour nous plonger dans une guerre opressante que doivent livrer les Etats-Unis face à une contagion lycanthropique.
Initiée il y a quatre ans, cette histoire ne manque certainement pas d’atouts. En véritable adepte des aventures sanguinolentes à l’américaine qui font intervenir des êtres hors dimensions tels des morts-vivants (à la mode de Walking dead), des suceurs de sang ou comme ici des loups-garous, Jean-Luc Istin nous introduit dans son récit via l’intervention de plusieurs personnages. Que ce soit d’une façon plutôt éphémère ou que ce soit dans du long terme, le scénariste vient camper le climat sulfureux de l’Amérique sous l’action des hordes de lycanthropes et nous le présente à la lueur de plusieurs destinées parallèles.
Utilisant une césure scénaristique bien campée entrecoupée de témoignages, de courriers intimes, de revues de presse qui cassent volontairement le rythme effréné, et se faisant fort de jouer efficacement sur la différence des caractères des personnages concernée, le récit nous permet d’aborder plusieurs pistes des plus intéressantes pour ne pas dire captivantes. Suscitant sans équivoque l’effroi qu’une telle menace engendre inévitablement, Jean-Luc Istin s’attache, sans tout donner d’emblée, à évoquer les cas du père Lloyd, de la famille Marshall, de Lester et de Spolding, chacun dans des situations catastrophiques, pour certaines évolutives, qui n’ont, pour l’instant, aucun lien entre elles. La teneur est imparable, sombre, dure, effrayante, mordante et également fantastiquement palpitante.
Côté graphisme, Kyko Duarte qui utilise intentionnellement une palette sombre et très réduite faite de noir, de blanc et de gris (réalisé par Ellem), peut se vanter de participer activement à l’aventure. D’un trait réaliste très habile qu’il s’applique d’ailleurs à mettre en évidence à chaque intervention (Elfes, Hero Corp…), ce dernier trouve la juste expression picturale pour éveiller toutes sortes d’émotions et en particulier ici l’inquiétude. De la plus petite vignette à la page entière, l’artiste démontre parfaitement ses aptitudes à jouer dans des univers horrifiques en dessinant des scènes chocs ou des monstres des plus convaincants.
Un début de scénario catastrophique de bonne facture et des plus entreprenants, qui promet de nous faire faire bien des cauchemars, à croquer à pleines dents.
Par Phibes, le 29 juin 2014