Interview
Interview de José Luis Munuera sur l’univers Sillage
Sceneario.com: José Luis Munuera bonjour ! Je vous remercie dès à présent de bien vouloir répondre à cette interview et ainsi éclairer les passionnés de la bd ! Premièrement, pourriez- vous vous présenter afin que certaines personnes puissent mieux cerner votre personnage ?
JLM: Je m’appelle Jose Luis Munuera Minarro, né le 21 avril de 1972 en un coin perdu d’Espagne. Grand lecteur, cinéphile et bédéphile depuis mon enfance, une surabondance de Spielberg, Harryhausen, Tolkien et Uderzo à fini par pourrir mon cerveau et me faire devenir de façon assez naturelle dessinateur de bd.
Sceneario.com: Vous vous êtes distingué dans la série « Les Potamoks » aux éditions Delcourt mais aussi dans la série « Merlin » aux éditions Dargaud. Comment peut-on débarquer du fin fond de l’Espagne et s’imposer ainsi dans le monde de la bd française ? Vos débuts furent difficiles ?
JLM: Je n’ai jamais eu la sensation que les choses étaient « difficiles » pour ma part. C’est juste qu’il y a des choses qui demandent plus de temps pour se concrétiser et si jamais elles ne se concrétisent pas, ce sera juste que ce n’était pas le bon moment. Pendant ma dernière année aux Beaux-Arts à Grenade, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose pour ne pas devenir fonctionnaire, et je me suis décidé à montrer mon book de dessin. Ayant en tête qu’il vaut mieux se faire refuser par les meilleurs, je suis parti à Angoulême en 1994, où j’ai croisé un jeune et méconnu Joann Sfar, avec lequel j’ai commencé à bosser sur ce que deviendrai « les Potamoks ». Bien sûr, il a fallu convaincre un éditeur et faire et refaire des pages pour y arriver. Après, j’ai enchaîné un projet après l’autre. Je suis toujours sur 3 ou 4 projets en même temps, plusieurs meurent avant de prendre forme, des autres changent, des autres s’amalgament. seuls quelques-uns arrivent à se concrétiser. Entre Les Potamoks (Delcourt) et Merlin (Dargaud), j’ai survécu, merci bien, à des centaines de pages faites pour Bayard Presse. Il y a eu des projets de Western, de SF, d’ Humour montrés par-ci par-là et refusés par les éditeurs. Dans la même période où je signait pour Merlin, j’ai aussi commencé Sir Pyle chez Soleil. Après, ce fut l’adaptation en bd du film La route de l’Eldorado. Je suis assez rapide en dessinant, compulsif serait plus juste en réalité. Il y a des tas de choses que je veux faire, tu sais, et j’essaie de ne me priver de rien!!!
Sceneario.com: En 2004, Vous vous alliez à l’équipe Sillage composée de Jean David Morvan et de Philippe Buchet pour réaliser la Série « Nävis » qui narre la jeunesse du personnage central de la série Sillage. Comment vous a t-on proposé ce sujet ? L’avez-vous accepté de suite ou avez vous eu un temps de réflexion vis à vis de ce nouveau projet ?
JLM: Pendant 6 ou 7 mois j’ai travaillé sur un projet finalement abandonné (Malgré la présence d’un contrat signé etc.…) :Il s’agissait d’un Péplum. J’ai fini tellement fatigué par cette expérience, que j’ai demandé à JD de m’écrire quelque chose de sympa et facile à dessiner, juste pour s’amuser. Il m’a écrit un scénario de 8 lignes : l’enfance de Nävis. Fan à mort de Sillage, j’ai fait 8 pages avec ! J’étais tellement à l’aise que j’ai demandé à JD et Philippe de me permettre de faire un album avec ce personnage. Ils ont réfléchi un moment, et ils ont donné leurs accords. C’est comme ça que la série a trouvé le jour.
Sceneario.com: Comment se déroule cette collaboration avec les 2 créateurs de la série centrale ?
JLM: Autour d’une tasse de café.
Je connais très bien Sillage en tant que lecteur privilégié de la série qui connaît les auteurs et qui parle avec eux. Pour Nävis, on se lance dans une discussion loufoque dans laquelle chacun lance ses idées tranquillement. Sur une d’elles, les autres délirent tous ensemble et on finit par avoir un squelette narratif. C’est un travail de création collective. Après JD met tout ça dans l’ordre et créé un scénario. Je le dessine, en faisant appel à Philou pour tout ce qui est créatures, engins variés, ou pour tout ce que je trouve au dessus de mes compétences. Finalement, Christian arrive avec sa palette informatique pour donner de la lumière à l’ensemble. On est en communication permanente et personne ne se prive pour critiquer le boulot de l’autre, dans une ambiance très collaboratrice, conviviale et où s’amuser est le plus important. On a tous un grand respect pour les autres et pour les bd que l’on fait.
C’est très agréable et enrichissant pour moi, et je crois que pour les autres aussi.
Sceneario.com: Le tome 2 sort cette année. Pouvez-vous nous en dire un peu plus par rapport à ce tome ? Savez-vous le nombre envisagé d’albums ou rien n’est encore sûr ?
JLM: Sur ce deuxième tome, Nävis commence à se poser des questions sur elle-même, sur sa nature et sur ce qui se passe autour d’elle. Elle croisera une femelle de Nhondinn, une créature belle et charmante, sauf quand elle est affamée, où elle devient alors une folle sanguinaire !! Sans parler de la tendance de ces créatures à manger le mâle une fois fini l’acte amoureux !!
Quand au nombre d’albums prévus, tant qu’on s’amusera et qu’il y aura des lecteurs intéressés, on restera !
Sceneario.com: L’année dernière, nous vous découvrions au commande du 47ème « Spirou et Fantasio » aux éditions Dupuis, plus ou moins controversé par les fans de cette série. Comment le projet vous a t-il atterri entre les mains si je puis dire ? Avez-vous réfléchis longuement avant d’accepter ? Quel effet cela vous fait il de reprendre une Bd aussi suivie et aussi appréciée des fans ?
JLM: J’ai reçu un appel de Claude Gendrot, directeur éditoriel de Dupuis, pour me proposer la reprise. Je n’ai pas hésité une seconde !! On ne dit pas non à une des séries qui t’ont fait aimer la BD. Après, il faut s’attaquer à la chose, et je peux dire que ça, c’est tout sauf anodin. Quelle intense expérience ! C’est très dur de s’y mettre, il y a une énorme pression, mais c’est un pur bonheur. Le travail en soi n’est pas différent des autres bouquins, il s’agit de raconter une histoire qu’on voudrait lire, c’est tout. Mais effectivement autour de Spirou, il y a énormément d’expectatives, d’ a priori, des ingérences.. Mais tout ça c’est « extérieur » au fait de faire un livre, et si parfois c’est dur à gérer, ce ne doit pas interférer dans sa création. Voilà la plus grande leçon du tome 47, où nous n’avons pas réussi à nous imperméabiliser totalement à tout ça. On travaille maintenant sur le numéro 48, qui sera très différent du précédent. J’espère qu’il surprendra les lecteurs !
Sceneario.com: Dans ce tome on y retrouve P. Buchet, Jd. Morvan et C Lerolle.C’est on peut le dire, une Bd signée atelier 510 TTc, atelier de plus en plus connu dans le monde français et européen de la Bd. Pourquoi ne pas vous y installer en compagnie des auteurs avec qui vous collaborez ?
JLM: On est tellement en contact que c’est comme si je travaillais à Reims, à vrai dire. L’internet nous permet de commenter même le moindre brouillon en temps réel. Je suis un peu devenu le membre « satellite » de l’atelier.
Et puis, Grenade est tellement belle, il fait tellement beau !
Sceneario.com: 2004 est décidément l’année de votre consécration. Comment vivez-vous la chose ? Arrivez-vous à garder la tête sur les épaules ? N’êtes-vous pas débordé par tout ce travail ?
JLM: Consécration ? Non, non merci, je ne crois pas. Le fait de vivre en Espagne m’isole de tout le bruit du petit monde de la BD, et je suis loin de vivre ça comme une réussite particulière, je le vis comme un pas de plus dans mon évolution personnelle et professionnelle. Je travaille et puis, c’est tout.
Sceneario.com: Avez-vous des projets futurs dont vous désireriez nous parler ?
JLM: Il y a effectivement des projets, toujours 3 ou 4 en même temps. Concernant Nävis, une adaptation en dessin animé est en cours d’arrangement avec Futurikom. Cela me ferait un plaisir fou !!
Pour ce qui est des Bd, il y a le Merlin des Bois à faire aussi cette année, plus le Spirou 49 pour prépublication à Angoulême 2006. Le scénario du troisième Nävis « la p’tite souris », est aussi au point d’être dessiné.
Et après il y a des autres idées que me trottentt dans la tête.
Sceneario.com: Des petits conseils pour les jeunes et les moins jeunes qui voudraient se lancer dans la bd ?
JLM: Ne faites pas la bd si vous ne l’aimez pas à mort !!!
Sceneario.com: José-Luis Munuera, je vous remercie encore d’avoir bien voulu répondre à nos questions !
Sceneario.com vous souhaite la poursuite de votre réussite exemplaire !
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