GUERRES D'ARRAN
Le choix du sang

Le Monde d’Aquilon est en plein désordre depuis que les rois humains ont décidé de faire la guerre aux anciennes races que représentent les elfes, les nains, les orcs et gobelins. Les Terres d’Arran se voient donc en proie à des batailles intestines au cours desquelles certaines reines, comme Camélia, cherchent à tirer profit pour étendre leur puissance. Pendant ce temps, les anciens peuples, chassés de toute part, se regroupent au cœur d’une forteresse du Tannhoser pour tenter de faire face à cette menace et de s’organiser. Jean-Luc Istin se saisit pour la deuxième fois de ce contexte conflictuel pour nous offrir de nouvelles initiatives guerrières.

Pour cela, l’artiste rassure quelque peu le lecteur en puisant allégrement dans les différents arcs de cet immense univers fantasy pour mettre en évidence des lieux que nous connaissons déjà et également de nombreux personnages que nous avons suivis antérieurement. Ce cinquième volet se veut bien entendu faire suite aux précédentes pérégrinations en territoire sylvain en remettant en selle la sinistre Camilia d’un côté et de l’autre le nain Redwin.

Dans un développement structuré pour le moins actif et judicieusement intrigant, le scénariste livre les différentes facettes de cette guerre, toujours sous le couvert d’une prose bien copieuse et assurément éclairante sur les stratégies (hors du terrain et sur celui-ci) qui se mettent en place. Dans cette atmosphère envoutante, l’artiste souffle subtilement sur les braises en mettant en scène des batailles menées par des personnages charismatiques tels le roi Nikolaas le Borgne et le chef des elfes blancs Lyorshel, faisant avancer les pièces vers une conclusion totalement incertaine. Il ne fait aucun doute que quelque chose se trame mais que rien n’est encore joué, Jean-Luc Istin ayant décidé d’en garder encore sous la semelle.

Graphiquement, c’est Kyko Duarte qui s’emploie à animer ces nouvelles aventures guerrières. L’artiste reste harmonieusement dans cette esthétique picturale qu’il maîtrise et qui en met plein les yeux. Récupérer des personnages et des lieux déjà évoqués auparavant par d’autres dessinateurs ne lui pose assurément pas de problème et ne remet nullement en cause un talent indubitable. La colorisation généreuse d’Olivier Héban fait le reste, dans la clarté et la beauté.

Un épisode une fois de plus riche en évènements, qui fait avancer farouchement les pions des deux côtés sans pour autant dévoiler une quelconque issue. Captivant à souhait !

Par Phibes, le 10 décembre 2024