HYPOCRITE
N'importe quoi de cheval

Hypocrite, son Destin, Brise-Bise et le Professeur Alizarine viennent tout juste de quitter la Terre et se dirigent droit sur Yolande, la planète-zoo afin qu’Alizarine ramène la fameuse dent de Machairodus. Mais très vite, ils seront amenés à enquêter sur un mystérieux massacre de quatre Chiens de garenne, d’un Meulard des Ardoises et d’un Schlon, tués, grillés et mangés… La présence de carnassier sur Yolande est bien évidemment strictement interdite et les coupables doivent payer…

Par Placido, le 16 avril 2011

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Notre avis sur HYPOCRITE #3 – N’importe quoi de cheval

Hypocrite, déjà, faut se l’avouer, c’est le genre de BD qui se lit tête reposée, à un moment où on peut prendre son temps et prendre le temps d’apprécier ce qui se déroule sous nos yeux. Car Jean-Claude Forest ne nous ménage pas, il s’amuse et s’éclate, ça se sent et ça se voit. Et quand Jean-Claude Forest s’amuse et s’éclate, ça donne une histoire complètement folle, débridée, où l’improbable et l’absurde sont les fondations même d’un récit pourtant maîtrisé de bout en bout. Et c’est bien cette dualité là, la maîtrise du grand n’importe quoi, qui fait toute la force d’Hypocrite.

N’importe quoi de cheval est initialement paru dans Pilote en 1973 et 1974 puis édité intégralement en 1974 chez Dargaud, c’est donc une bénédiction que L’Association ressorte ces pépites des fonds de tiroirs. Une fois encore, Hypocrite et ses compagnons vont vivre des aventures avec un grand A, avec en fond, un conflit entre pro-végétariens, grands protecteurs des animaux et ceux qui aime la viande, en daube ou en rôti. Et une fois encore, il se passe énormément de choses en peu de temps, des parties de grande belote des étoiles, des festins d’entrecôtes grillées et des évasions de la prison Nein Nein, mais c’est avant tout grâce à des personnages d’un charisme redoutable que nous vivons un grand moment de lecture, entre un Brise-Bise, garde du corps amoureux mais à qui on ne l’a fais pas, le Destin d’Hypocrite, toujours là pour faire un point sur la situation ou lâcher quelques commentaires aiguisés et une Hypocrite toujours plus belle, désirable et farouche… Les dialogues sont eux aussi d’une pertinence rare malgré l’absurdité de leur signification et on retrouve beaucoup d’humour. L’auteur joue avec les mots, les prends, les tords et les retourne. Il utilise également un vocabulaire que l’on croirait tout droit sorti d’un dictionnaire de patois ou d’argot. Il faut réussir à suivre donc, mais ça vaut bien un petit effort.

Mais s’il n’y avait que les personnages et le scénario on serait encore bien loin du compte ! L’ambiance, décadente et fantasmagorique, tient une place majeure dans cette BD. Une ambiance soutenue par un dessin flashy et psychédélique très seventies. Jean-Claude Forest joue avec les codes de la SF, les utilisent pour les paysages, les vaisseaux et son bestiaire et là aussi c’est encore très réussis. Et remercions Renaud de Châteaubourg et Fanny Dalle-Rive qui étaient là pour restaurer les couleures !

Drôle, psyché et jouissif, la lecture d’Hypocrite est un vrai régal, à réserver tout de même aux amateurs d’histoires abracadabrantesques et denses car j’en conviens, certains pourraient frôlés l’indigestion devant tant de Schlons rôtis… Il vaut mieux avoir l’estomac solide !

Par Placido, le 16 avril 2011

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