MEMOIRE DES ARBRES (LA)
La lettre froissée - 1

Alors que les allemands occupent la Belgique des années 40, Olivier, Sylvain et Sébastien, trois adolescents d’origine juive sont confiés, sous leurs prénoms d’emprunts, aux Frankart, propriétaires du château de Jamoigne proche d’Izel. S’adaptant à leur nouvelle vie, les jeunes gens apprennent les rudiments du scoutisme. C’est lors d’un rassemblement que Sylvain croise le regard de Pauline, la lavandière de la résidence.Obnubilé par la belle, il lui déclare sa flamme par l’intermédiaire d’une lettre. Mais la réponse de Pauline, qui a par ailleurs un amant, résistant de surcroît, ne va pas dans le sens de ce qu’espérait Sylvain, si bien que dépité, il décide de commettre l’irréparable.

Par phibes, le 1 janvier 2001

Notre avis sur MEMOIRE DES ARBRES (LA) #7 – La lettre froissée – 1

Après "La belle coquetière", Jean-Claude Servais fait un bond dans le temps (du 18ème, on passe sous l’occupation allemande de la seconde guerre) pour nous narrer cette nouvelle histoire. Grandement inspiré par des faits qui se sont déroulés dans ces hauts lieux du sud de la Belgique, rapportés par Dominique Zachary dans son livre "La patrouille des enfants juifs", l’auteur nous entraîne dans une histoire d’amour aux accents tragiques (du moins, cette première partie nous le susurre).

Jean-Claude Servais n’a pas son pareil pour nous faire vibrer dans des histoires emplies à la fois de bons sentiments (amour) et de circonstances lourdes de conséquences (ambiances de guerre). Son récit, qui se veut historique et qui est toutefois un peu plus éloigné de la ruralité que les précédents, possède les caractéristiques essentielles pour nous accrocher, se découvrant dans une sensibilité et une simplicité extraordinaires. Les petits personnages qui apparaissent dès le départ, ont tôt fait de nous séduire par leurs expressions naturelles, au rythme des codes du scoutisme qu’ils appliquent puérilement. Malgré la présence sous-jacente du conflit mondial qui plane au dessus d’eux, un certain bonheur se ressent.

Bien sûr, le zeste de sensualité personnifié par Pauline est des plus agréables et s’appréciera à chacune de ses apparitions. L’insouciance qu’elle étale tout comme sa volonté de jouir de l’instant présent malgré le danger ambiant, allège considérablement l’histoire.

Jean-Claude Servais sait aussi tenir un crayon et le démontre superbement, d’une manière très réaliste. Appliquant un encrage léger et très fourni lorsqu’il s’agit de réaliser des ombres, il exécute des dessins certes classiques mais empreints d’émotions plaisantes. Tel le jeune Sylvain, l’on pourra être captivé par la belle Pauline qui dégage, sous ses traits réalistes et harmonieux, une aura bienfaisante.

Ce premier épisode de "La lettre froissée" augure une bien belle histoire, très prenante, dans laquelle beaucoup de lecteurs, adeptes de Jean-Claude Servais ou autres, trouveront sans contestation possible, leur bonheur.

Par Phibes, le 2 février 2009

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