METRONOM'
Tolérance zéro

Parce que son compagnon Doug n’a pas donné de nouvelles depuis qu’il est parti en mission spatiale il y a huit semaines et que sa compagnie l’a déclaré porté disparu, Lynn se rend au Ministère des Affaires territoriales où travaille sa sœur Laureen pour tenter de soutirer quelques infos à ce sujet. En parallèle, Linman, journaliste au Vox Populi, n’en finit pas d’attirer les foudres de son patron Kingsley pour ses frasques qui vont à l’encontre des préceptes des autorités gouvernementales. A la suite d’une interpellation policière, Lynn fait la connaissance de Linman qui lui propose de l’aider dans sa quête. Cette dernière va se révéler peu aisée car le régime totalitaire ultra réformiste en place ne tolère pas que ces ouailles filent à contre-courant.

 

Par phibes, le 13 mars 2010

Lire les premières pages de METRONOM’ #1 – Tolérance zéro

Publicité

Notre avis sur METRONOM’ #1 – Tolérance zéro

Après avoir œuvré ensemble sur la superbe série historique La conjuration d’Opale, Eric Corbeyran et Grun s’associent à nouveau pour des péripéties qui, cette fois-ci, se déroulent dans un futur plus ou moins proche, un futur peu engageant au regard de la toute puissance de l’organe gouvernemental vis-à-vis de la société.

Les lecteurs qui ont approché l’univers atypique du romancier Philip K. Dick ou visionné les adaptations de ses œuvres telles Blade Runner, Total recall ou encore apprécié Brazil de Terry Gilliam, retrouveront en cet opus certains points communs. En effet, l’univers décrit par Eric Corbeyran met en évidence une société certes moderne mais totalement manipulée, réduite à l’état de légume par le pouvoir en place et subissant incessamment par des spots vidéo un formatage en règle.

De fait, après une entrée en matière médiévale (que l’on retrouvera par la suite) qui vient contraster avec la teneur futuriste affichée, le récit s’engouffre dans une ambiance fortement étouffante qui vient expliciter peu à peu le fonctionnement social et politique de la cité du futur. Fort de cette omniprésence liberticide et ultra réformiste qu’il use à grand renfort de scènes explicites, Eric Corbeyran fait, au gré d’un découpage averti, le tour d’horizon des personnages clés de sa fiction (Lynn, Linman, le Commissaire Radcliff, Doug…) et nous expose ce pourquoi il vont s’animer, à savoir la disparition énigmatique d’un individu et la mise à l’index d’un ouvrage interdit, le fameux Métronom’.

Aussi, l’histoire est plaisante à suivre et se fait fort de faire monter les antagonismes. Lynn et Linman s’imposent progressivement en individus rebelles et nous font connaître, de par leurs agissements, le côté répressif de l’organisation étatique. De fait, on perçoit les nombreux interdits, les malaises qui en découlent et les aspirations de certains. Par ailleurs, on s’interroge sur la réelle portée du grimoire adressé au Président (qui soit dit en passant confirme l’acharnement du gouvernement à tuer la liberté de pensée). Enfin, on se questionne sur les vicissitudes de Doug, déchu de ses droits les plus intimes, et dont son histoire fait irrémédiablement penser à Alien.

Les dessins de Grun sont en totale adéquation avec ceux réalisés dans la précédente saga (La conjuration d’Opale). Le réalisme de son univers est fascinant, doucereux dans la colorisation (sans agressivité). La rigueur de son trait est confondante, se faisant fort de représenter des personnages d’une grande beauté tel Lynn. Ses ambiances futuristes qui sont un véritable appel du pied au travail de Mézières dans sa série Valérian et au Cinquième élément, sont superbes, dispensées par des décors urbains pollués et bétonnés à outrance, où déambule une population indolente. Les perspectives sont également généreuses et prouve que ce dessinateur a un talent incontestable.

Un superbe bond dans le temps pour une intrigue attrayante que ne dément certainement pas la sympathique préface d’Enki Bilal.

 

Par Phibes, le 13 mars 2010

Nos interviews, actus, previews et concours

À propos

Actualités, interviews, previews, galeries et concours.

Publicité