ROI LOUVE (LE)
La rébellion de Petigré

Soupçonné d’avoir procédé illégalement à la vente d’œuf humain, le jeune Angus a été condamné à mort par la reine de la Communauté humaine pour être transformé par la suite en un sanzame. Ce jugement prononcé par un tribunal matriarcal est mal perçu par les hommes et témoigne évidemment de la faiblesse du système actuel. Qui plus est, les conditions de paix avec le peuple des loups se veulent de plus en plus difficiles à supporter car elles imposent aux humains des sacrifices douloureux comme la fourniture mensuelle d’œuf humains utiles à la détermination du sexe des canis lupus à leur majorité. Seize années plus tard, en la demeure royale de la communauté des loups, Petigré attend impatiemment sa majorité prochaine pour devenir une louve, au grand dam de son père le roi qui compte sur elle pour qu’elle se change en mâle et assurer ainsi sa succession. Afin d’éluder cette contrainte, la jeune louve a décidé de s’enfuir du palais. Elle entraîne alors avec elle son petit ami humain Rum pour un périple de deux mois à travers la montagne enneigée, le temps qu’elle devienne effectivement une louve. Désormais menacée par Kourgane et son fils, opposants au roi, qui l’ont pris en chasse, Petigré va devoir faire très attention. Et si la rencontre inopportune avec un tometeu modifiait ses aspirations ?

Par phibes, le 1 mars 2022

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Notre avis sur ROI LOUVE (LE) #1 – La rébellion de Petigré

Emilie Alibert et Denis Lapière se retrouvent pour la deuxième fois après leur triptyque Rose paru chez Dupuis entre 2017 et 2019. Pour le moins fervents de récits fantastiques, les auteurs font en sorte de nous entraîner cette fois-ci dans un univers certes imaginaire mais qui semble se nourrir de fantasy.

Ce premier volet est donc l’occasion d’appréhender l’architecture du monde dont il est question, un monde assurément original par le fait qu’il semble se partager entre communautés dont deux essentielles, les humains d’un côté et les loups de l’autre. La vision profonde que les coscénaristes nous proposent a la particularité de susciter une surprise de taille puisque la communauté humaine est régie par des femmes qui sont ovipares et dont les œufs ont le pouvoir de « fixer » le sexe des loups.

Fort de ce postulat inédit, la parole est donnée à l’un des personnages clé à savoir Petigré, loup par nature qui désire devenir une femelle à part entière contre l’avis de son père royal. C’est donc dans une sorte de quête émancipatrice que nous nous immergeons, une quête qui bien sûr va initier l’intrigue tout en radiographiant subtilement le climat ambiant entre communauté. A n’en pas douter, le récit regorge de matière qui demande à être exploitée lors du prochain tome. La révolte personnelle de Petigré nous prépare à des moments de tension eu égard à la menace dont elle fait l’objet et se veut associée, sous le couvert d’un accord de paix bien bancal, à certains personnages dont l’intervention n’est pas encore clairement définie comme Angus, le sanzame, le tometeu…

Côté graphismes, le style d’Adriàn fait son effet et sert profitablement ce récit atypique. Grâce à un coup de crayon aiguisé que l’on a pu apprécier dans le diptyque L’orphelin de Perdide ou dans sa série en solo Tangomango, l’artiste délivre un message particulièrement efficace, plutôt adapté à un lectorat ado. Il n’en demeure pas moins que le travail est de belle qualité quant à l’animation énergique de ses personnages dont certains zoomorphes et à leur apparence attirante.

Une équipée fantasy originale qui démarre excellement et qui nous fait espérer la suite !

Par Phibes, le 1 mars 2022

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