ROI LOUVE (LE)
Le Boclès Bhava

Nous replongeons pour la dernière fois dans ce cadre très bigarré où l’on sait que les femmes humaines pondent des œufs et où les loups humanisés peuvent choisir leur sexe lors des cycles lunaires. Emilie Alibert et Denis Lapière reviennent donc pour clôturer cette fresque atypique au sein de laquelle une quête va prendre naissance, portée par une jeune louve qui a décidé d’agir à l’encontre des règles royales pour assumer la féminité qui est en elle.

Après nous avoir lancé précédemment sur plusieurs courants, ce tome vient en quelque sorte les poursuivre et par cette même occasion, faire évoluer l’intrigue. D’une manière générale, le monde dont sont issus les humains et les loups est en pleine mutation, puisqu’il se voit lié à des complots qui touchent au plus haut niveau les deux communautés. Plus précisément, l’on suit la générale Trycia qui ne cache plus ses ambitions et sa volonté de défaire ce qui a été fait par sa prédécesseuse. De l’autre, c’est Petigré qui nous transporte à la faveur de ses recherches d’un trésor (qui, ici n’apportera rien de probant) et qui est promise à aller au bout de son objectif, celui de devenir une louve avant de succéder à son père. Evidemment, son but est loin d’être atteint puisque d’autres (plus particulièrement Kilion) ont des vues sur cette succession.

Force est de constater que l’aventure contée dans ce troisième tome reste des plus agréables à lire mais a tendance dans son aboutissement à laisser ouvert bien des pistes. Est-ce à dire que les coscénaristes ont décidé d’en garder un peu sous la semelle pour un deuxième cycle ? L’avenir nous le dira. Il n’en demeure pas moins qu’abouties, les péripéties demeurent animées, surtout par l’interaction de personnages secondaires comme le remuant JJJ et sa communauté, Baïdar et sa coalition masculiniste, les manœuvres insidieuses de l’ex-maîtresse de Gramp et de son fils, le « réveil » d’Angus le sanzame…

Côté illustrations, Adriàn Fernàndez Delgado fait encore du bon boulot. L’exotisme de ce monde est bien représenté surtout grâce à la diversité de personnages qui l’arpentent. A cet égard, on saluera les plans bien expressifs de ces derniers, humains et loups, dans des gestuelles adroites et des perspectives bien adaptées.

Un troisième et dernier volet qui conforte l’originalité d’un monde hybride et d’une destinée qui donnent la sensation que toutes les portes n’ont pas été ouvertes.

Par Phibes, le 11 octobre 2023