SERVITUDE
L'adieu aux rois

A la suite de la trahison du Duc d’Omel et de la menace que constitue l’apparition des Drekkars sur le royaume des fils de la terre, le roi Garantiel a levé son armée pour fondre sur le Triangle d’Or et se focaliser en premier lieu sur la forteresse d’Al Astan. C’est en arrivant en ces hauts lieux stratégiques que Garantiel se heurte au mutisme incompréhensible du maître des lieux et allié, Cerir. Et pour cause, car les Drekkars, sous l’égide du justicar Fader, sont déjà dans la place et font pression sur ce dernier de lui fournir le produit qu’ils sont venus chercher. Aussi, l’armée ennemie Othar d’Omel étant non loin d’Al Astan, le combat à découvert semble inévitable. Alors que Garantiel se lance dans un premier contact, son maître d’armes Kiriel et l’agent d’Ulfas, Fl’ar, arrivent sur les lieux pour délivrer un message capital pour défaire celui qui est à l’origine du déchirement des fils de la terre. Parviendront-ils à se faire entendre dans le combat qui s’annonce et qui va ébranler les fondations d’Al Astan ?

 

Par phibes, le 16 novembre 2011

Publicité

Notre avis sur SERVITUDE #3 – L’adieu aux rois

Chaque parution d’un épisode de Servitude est en soi un évènement, du moins pour ceux qui sont à la recherche d’épopées baignées d’un subtil mélange de légendes, de fantastique médiéval et de faits d’armes. Ce troisième opus ne déroge pas à la règle et nous replace, après une incursion incisive dans la société drekkar (voir le tome 2), sur le territoire royal des Fils de la Terre, en pleine guerre intestine.

A n’en pas douter, Fabrice David et Eric Bourgier ont peaufiné dans les moindres détails leur univers unique, de son origine ancestrale jusqu’à la grande déchirure du royaume de Garantiel. Imbriquant très habilement chaque partie l’une dans l’autre, les auteurs tissent leur toile de façon à démouler une équipée guerrière et territoriale certes bien complexe mais dotée d’une puissance narrative et évènementielle des plus passionnantes. Par ce biais, les auteurs n’ont pas lésiné sur les moyens en basant leur récit sur des écrits légendaires à la diversité imparable (dragons, géants, fées, sirènes, Anges…) qu’ils nous abreuvent à chaque prologue, en dressant une carte géographique et une structure sociétale bigarrée, très originale dans son concept et en renforçant, tel ce troisième tome, les explications très fournies liées à la bataille d’Al Astan.

De fait, malgré cette complexité scénaristique résolument voulue qui semble à chaque étape s’étioler un tantinet, L’adieu aux rois reste époustouflant dans la manière dont il est articulé, faisant appel à de nombreux protagonistes dont certains ne sont pas inconnus (Garantiel, Kiriel et Fl’ar qui réapparaissent à nouveau…) et à des faits de guerres, parfois héroïques, parfois de bas étage, détonnants. On reste accroché au message d’Ulfas dont la belle "générale" est porteuse et dont on attend son évocation totale. On se plait à apprécier la diversité des rencontres, des combats qui nous entraînent dans une vision pour le moins chaotique voire titanesque, noyée dans la trahison ou les initiatives malheureuses, et qui va à l’encontre des préceptes du dénommé Ulfas.

Eric Bourgier a, depuis Live War Heroes, a su imprégner à son graphisme une redoutable expressivité. Son geste devient de plus en plus pointu, son trait flirtant avec une authenticité des plus ahurissantes. Le soin qu’il apporte à l’étude de ses personnages (de la tête aux pieds en passant par leurs tenues vestimentaires) est flagrant et démontre la rigueur que s’impose ce dessinateur émérite à travailler dans une quête remarquable du détail. Les expressions sont criantes de vérité, portées par des énergumènes massifs, puissants et beaux. Les décors, quant à eux, sont d’une profondeur frémissante, mis en exergue par l’utilisation d’aplats de noir somptueux et une colorisation à dominance sépia dont l’auteur semble ne pas se dépareiller (et c’est tant mieux !).

Un troisième tome dépaysant d’une série qui reste un must de lecture tant par la sophistication du scénario que par la richesse et la beauté du dessin. Un vrai coup de cœur !

 

Par Phibes, le 16 novembre 2011

Publicité