SERVITUDE
Iccrins

La terrible bataille engagée par l’ost du duc d’Omel au pied de la cité des Brumes, Al Astan, se veut un véritable désastre pour les armées du roi Garantiel d’Anoroer. Ce dernier est mort et les portes de la haute forteresse sont restées fermées à la suite d’une traîtrise du maître des hauts lieux, Cerir. Les terribles drekkars ont pris possession de la cité et la tentative d’infiltration menée par Kiriel, le maître d’armes du roi disparu, et Fl’ar, la mystérieuse envoyée d’Ulfas, a échoué. A la suite d’un affrontement au cours duquel Kiriel est gravement blessé, le couple trouve le moyen de s’extirper de la citadelle envahie en prenant place à bord d’un navire volant iccrin. Pendant qu’à terre, la bataille se poursuit et que les troupes du nouveau roi Arkanor battent inexorablement en retraite, dans les airs, Kiriel et Fl’ar volent vers le pilier de Kersh. Leur arrivée impromptue en ces hauts lieux inaccessibles va être de nature à semer un grand trouble chez certains gardiens et à pousser l’ancien sénateur Barek à s’intéresser tout particulièrement à Fl’ar. Que cache réellement cette dernière ? La survie du peuple iccrin dépendrait-elle de ce qu’elle a dévoilé ?

Par phibes, le 22 août 2014

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Notre avis sur SERVITUDE #4 – Iccrins

Avant-dernier épisode de cette grande saga ô combien retentissante et entreprenante, ce quatrième tome nous replonge dans le bruit et le sang de la terrible bataille d’Al Astan, dans laquelle de nombreuses forces se sont engagées. Mais c’est de courte durée puisque le récit se veut prendre un peu plus de hauteur (pour ne pas dire titiller des sommets) et nous entraîner dans de nouvelles contrées exotiques haut perchées, les trois Piliers. C’est en ces lieux escarpés que Kiriel et Fl’ar ont été obligés de poser le pied. Evidemment, leur venue n’est pas pour plaire à certains autochtones qui voient leurs manigances dérangées.

Fabrice David et Eric Bourgier ouvre un nouveau pan de leur univers ô combien consistant et très disparate en évoquant ici la communauté iccrin. Cette dernière, qui semble voir de très loin le conflit qui se déroule dans le royaume des Fils de la Terre, nous dévoile ses usages au travers d’une organisation une fois de plus habilement et finement imaginée. Au fil des pages, les deux artistes dresse l’inventaire sociopolitique ainsi que les tensions souterraines qui la grève et par ce biais, trouve la juste évocation et l’originalité pour nous surprendre. Il suffit de se reporter au cahier de fin d’album pour avoir la confirmation que les coauteurs ne font rien au hasard.

S’éloignant de fait du théâtre des opérations guerrières qui se déroulent autour de la cité des Brumes, cette suite, abondante en dialogues explicites, n’en est pas moins fourmillante d’actions et de rebondissements qui vont avoir l’avantage de tourner autour de Fl’ar, la messagère d’Ulfas et du mystère qu’elle entretient sur son passé. Grâce à elle et ce qu’elle va dévoiler, certains masques vont tomber dans une intensité scénaristique remarquablement soutenue. Par ailleurs, elle sera secondée par des personnages une fois de plus singuliers comme l’infante Esdras et son yama le sénateur Barek.

De par la qualité exceptionnelle de son graphisme, l’on comprend aisément le délai qu’il y a entre chaque album publié. En effet, Eric Bourgier a l’art de se mouvoir dans un réalisme incisif et des plus envoutants (dessin et colorisation), rendant de fait son univers fantastiquement exotique des plus convaincants. L’expression de ses personnages est réellement pointue et ce sur tous les plans. De même, les décors sont stupéfiants d’authenticité tant la recherche du détail est poussée.

Un quatrième opus remarquable en tout point, dense, beau et original, qui conforte hautement l’intérêt de posséder cette saga dans sa bibliothèque.

Par Phibes, le 22 août 2014

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