THE GROCERY
Tome 1

Monsieur Friedman vient d’emménager dans sa nouvelle épicerie de quartier à Baltimore. Son fils Eliott, étudiant érudit et un tantinet casanier, a toutefois intégré la bande à Sixteen, un jeu dealer plutôt adroit dans ses trafics. La vie pourrait se dérouler plutôt tranquillement si Ellis One, truand notoire ayant échappé au couloir de la mort, n’était pas venu instaurer sa loi, celle qui s’applique à coups de plombs et d’explosifs. Aussi, alors qu’il sème la désolation sur son passage, il décide d’établir son QG à l’épicerie de Monsieur Friedman. De son côté, Wash, ancien soldat du Golfe, cherche à se réinsérer dans la vie civile. Après un parcours pour le moins désolant, il échoue honteusement dans une organisation qui milite en faveur des exclus de la société. Là, au contact de Marnie Adams, il réapprend à cultiver l’entraide. Malheureusement, Baltimore est la proie de personnages locaux malintentionnés.

 

Par phibes, le 10 novembre 2011

Publicité

Notre avis sur THE GROCERY #1 – Tome 1

Les éditions Ankama gonflent le catalogue de leur collection Label 619 orientée cultures urbaines. Après entre autres Debaser, Freaks’squeele, Mutafukaz, Tank Girl, voici poindre le décapant The Grocery, premier opus d’une trilogie concoctée par deux auteurs au travail reconnu tel Aurélien Ducoudray (Championzé, La faute au chinois) et Guillaume Singelin (Pills, King David).

Leur association permet via leur récit de sensibiliser le lecteur sur une vision sociétale certes très chaotique mais non dénuée de fondement. En effet, les deux auteurs ont décidé de traiter d’une thématique forte liée aux problèmes d’insécurité urbaine (violence dans la rue, trafic de drogue, enfants désœuvrés – les cornerboys) et de la réintégration des soldats revenant de mission de guerre. Pour cela, Aurélien Ducoudray pousse sans retenue les portes de la violence et nous en inflige les éclaboussures les plus douloureuses pour ne pas dire les plus sanglantes. De fait, utilisant le jeune Eliott comme cobaye, il nous fait vivre des séquences de vie de rue frémissantes dans une radiographie citadine dégradée, assurément poussée à l’extrême mais empreinte d’un certain réalisme.

Bien sûr, ce premier opus qui plante le décor urbain tout en instillant les analyses psychologiques de ses personnages clés, bénéficie d’une approche des plus énergiques. On concèdera que le ton employé est bien sûr grave, sans appel, morbide à de nombreuses fois mais se suffit à lui-même pour donner envie de suivre les tergiversations des trois courants scénaristiques que sont Eliott et la bande de Sixteen, les actions de Ellis One et les errements de Wash. Certes des liens sont déjà tissés mais d’autres sont inévitablement en préparation, le tout aux abords de l’épicerie The Grocery de Monsieur Friedman.

Au vu de ce qu’il a déjà réalisé dans ses ouvrages précédents, on n’est nullement surpris de la prestation décalée de Guillaume Singelin qui nous livre encore une fois un dessin original, plein de vivacité. Dans une épure acérée maîtrisée qui s’affranchit de tout conventionnalisme, ce dernier donne vie à un univers disproportionné mi-animalier mi-humanisé, versant dans des ambiances délétères qu’il restitue grâce des scènes parfois dures et à une colorisation ternie volontairement. Le message est clair, évocateur et là-aussi, devant cet étalage détonnant et grinçant, donne l’envie de voir plus loin.

Une première partie excellente sur une chronique sociale qui, dans des ambiances urbaines infernales à l’américaine, met le doigt où ça fait mal, pour notre plus grand plaisir.

 

Par Phibes, le 10 novembre 2011

Publicité