EVOL
Volume 1

Trois jeunes japonais, Nozomi, Sakura et Akari, se retrouvent, après avoir tenté de se suicider, en traitement à l’hôpital. Ils découvrent que depuis leur tentative, ils possèdent chacun un étrange pouvoir. Ils décident de s’enfuir, ensemble. Jusque-là, ce privilège était réservé à une sorte d’élite qui se transmettait ces facultés par hérédité, les mettant au service des autorités, quitte à devenir progressivement le bras armés des politiques. Les trois jeunes, en butte à la société, se demandent s’ils ne pourraient pas devenir des super-vilains…

Par fredgri, le 14 avril 2023

Publicité

Notre avis sur EVOL #1 – Volume 1

Après de nombreuses années cantonnés à leurs cercles d’irréductibles fans, les super-héros sont désormais à la mode, entraînés par les exploits cinématographiques de leur représentants américains. Progressivement, cette image du héros lisse et conquérant s’est toutefois nuancée au fil du temps, gagnant en profondeur, mais aussi en contraste.
Avec Evol, Atsushi Kaneko propose une version beaucoup moins manichéenne du thème du super-héros, en présentant d’une part un groupe de héros complètement absorbé par les politiques, qui se contente, sous couvert de se battre contre le mal, de travailler pour le maire en exécutant ses opposants, et d’autre part un groupe de jeunes japonais qui se découvre des pouvoirs et qui décide, sous couvert de se battre contre l’injustice des super-héros, de devenir des super-vilains.

Kaneko dépeint ainsi une société qui déifie ses héros, et plus particulièrement le champion déshumanisé Lightning Volt et sa jeune sœur Thunder Girl. Aveuglés par leur vision d’un monde gangréné par la mal qui s’infiltre absolument partout, il rêve d’une action beaucoup plus radicale qui leur permettrait de faire le ménage, sans état d’âme. On ne peut que se souvenir des messages anti-terroristes de certains gouvernements qui s’érigent en champions divins affrontant le dragon maléfique et obscurantiste. Kaneko met ainsi en perspective la dérive de ces endoctrinements simplistes qui prônent une pro-activité décomplexée qui se légitime toute seule, sous le regard béat d’un peuple admiratif et aveugle. L’artiste remet ainsi en cause la toute-puissance de ces figures tutélaires véhiculées par la culture américaine, le « super-vilain » devenant ici davantage le chantre d’un contre-pouvoir qui s’oppose à une justice corrompue et inégalitaire. Le parfait reflet de notre société qui doute de ses autorités.

Dans ce premier volume, Kaneko place les bases de son univers et les enjeux des volumes à venir. On retrouve ses personnages de prédilection, de jeunes marginaux qui se dressent contre le système, devenant les révélateurs déterminés à changer les choses, plus que de véritables ennemis. Un regard intéressant et extrêmement pertinent sur un genre aux contours de plus en plus flous.

Très conseillé.

Par FredGri, le 14 avril 2023

Publicité