SERVAIS - L' INTÉGRALE
Isabelle

Isabelle de Linnières aime tutoyer Dame Nature et se promet un avenir empli d’amour simple et réciproque. A ce titre, elle rencontre le jeune Quentin, trouvère de son état, avec qui elle entame une idylle des plus prometteuses. Toutefois, à l’orée de ses quatorze ans, sa mère vient lui rappeler que, considérant ses origines nobles, elle se doit d’épouser, par convenance, le puissant et riche seigneur Ansiau de Montjoie. Comment cet amour naissant contrarié entre Isabelle et Quentin va-t-il finir ? Ne trouvera-t-il pas refuge dans le monde onirique de la fée du lac noir ?

Par phibes, le 1 janvier 2001

Notre avis sur SERVAIS – L’ INTÉGRALE #5 – Isabelle

En cette fin de mois de mars, les éditions Dupuis, qui remettent au goût du jour quelques œuvres de la bibliographie imposante de Jean-Claude Servais, publie dans la même série "Servais – L’intégrale", non pas un nouveau diptyque comme c’était le cas lors des précédentes parutions, mais deux superbes one-shot à savoir "La tchalette" et "Isabelle". Vendus séparément, ils viennent confirmer la polyvalence des thèmes que peut aborder cet auteur belge, amoureux fou de sa région natale, l’Ardenne.

"Isabelle" est un roman graphique d’une grande beauté. Exhibant une histoire d’amour impossible, campée dans un moyen age sans concession, Jean-Claude Servais se transforme en doux ménestrel et nous chante une ritournelle ancestrale d’une grande poésie. Alliant la sensibilité verbale à la force des sentiments, il nous entraîne au plus profond d’un gouffre fantastique très prenant. La tournure dramatique des évènements provoque la surprise, surprise somme toute agréable mais laissant un goût légèrement amer.

L’auteur joue habilement sur les contrastes. Isabelle, du haut de son adolescence, se voit mariée à une brute sans âme. La douceur des mots et des sons de la viole à Quentin vient se heurter aux attaques des faucons, le monde du lac n’a aucun rapport avec celui des humains, la beauté fatale de la fée tranche avec la noirceur du fameux lac…

Fort d’un trait très réaliste et plein de promesses, Jean-Claude Servais assume son rôle de dessinateur à sensations des plus convaincants. De ses vignettes, transparaissent des sentiments nobles tel, en cet opus, l’amour de son prochain mais aussi de la tristesse voire de la dureté. Ses personnages attirent par leur côté naturel et simple. D’autres rebutent par leur sauvagerie ou leur fourberie. La beauté des décors moyenâgeux ainsi que celle de la gente féminine, servie par une colorisation douce voir bucolique bien agréable, touche agréablement.

Oyez, brave lecteur, la douce mélopée de Quentin le troubadour et imprégnez-vous de cette terrible époque où la jeune Isabelle aspirait à une destinée moins dure. Sûr que vous en ressortirez transcendé !
 

Par Phibes, le 3 avril 2009

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