CHANT DES ASTURIES (LE)
Tome 1

En 1934, Tristán Valdivia, journaliste, veut monter son propre journal. Il retourne donc dans le Nord, dans la région des Asturies, chez son père, le marquis de Montecorvo afin de lui demander une aide financière. Sur place, il rencontre la jeune Isolina qui travaille pour son père, il en tombe amoureux, mais se retrouve vite entre deux feux. En effet, le marquis, grand propriétaire, représente cette bourgeoisie qui ne pense qu’au profit, au détriment des ouvriers qui vivent souvent dans la misère, tandis que ces derniers prennent de plus en plus conscience qu’il faut réagir. S’organise alors l’une des grèves les plus marquantes de l’histoire de l’Espagne et de la répression qui va suivre…

Par fredgri, le 6 mai 2023

Notre avis sur CHANT DES ASTURIES (LE) #1 – Tome 1

En 1934 éclate un peu partout en Espagne une monumentale grève insurrectionnelle contre les agissements d’un régime autoritaire qui veut démanteler le régime parlementaire. Et même si cette grève échoue globalement, elle continue dans les Asturies, une région minière du Nord-Ouest, grâce à une alliance entre le syndicat socialiste et le syndicat anarchiste. Malheureusement, l’intervention de l’armée va mettre fin au mouvement et lasser derrière elle des centaines de morts et de nombreux blessés.

Aujourd’hui encore, cet affrontement a laissé de sérieuses cicatrices. Alfonso Zapico entreprend, avec cette saga hors norme, de relater le plus précisément l’évolution de la situation, le contexte et les grands enjeux politiques qui ont scindé la société espagnole en deux camps irréconciliables.

Heureusement, l’album est aussi accompagné par un texte introductif de Jesus Alonso Carballès (professeur de civilisation de l’Espagne contemporaine) qui explique bien ce qui a pu mener à cet affrontement. De son côté, Zapico prend soin à régulièrement resituer son récit dans le contexte historique. En parallèle, il amène un certain nombre de personnages plus ou moins fictifs qui vont lui permettre de mettre en avant des débats périphériques très importants. Comme Tristan qui ne supporte plus le comportement de son père, aristocrate aisé qui méprise le peuple, une façon d’ancrer le récit dans un propos social très fragile, au bord de l’explosion.

On devine très vite que la situation est complexe, que chaque camps se ferme au débat ouvert et que le conflit est pratiquement inéluctable. Malgré tout, et c’est le très gros point fort de ce volume, il n’est pas non plus nécessaire d’avoir un doctorat d’Histoire pour appréhender toutes les finesses de l’intrigue. Zapico est suffisamment habile dans son écriture pour d’une part réussir à nous donner tout ce qu’il faut pour très bien comprendre ce qu’il se passe et d’autre part faire respirer son récit pour ne pas s’embourber dans une leçon indigeste. Il nous raconte les mésaventures de Tristan et ses amours avec Isolina, les hésitations d’Apolonio le mineur à la forte personnalité, qui va devenir le porte parole du mouvement des grévistes. Le tout entrecoupé de filets de journaux, de petits points d’actualité très bien venus… C’est astucieux et surtout c’est passionnant.

Graphiquement, c’est une magnifique découverte. Le trait est précis et très expressif, avec un soin porté sur l’authenticité, sur l’exactitude documentée, tout en sachant laisser de la place pour que les personnages puissent vivre dans la planche. C’est magnifique !

Prévue en 4 volumes, cette série demeure l’une des très belles surprises de ce premier semestre.

Très conseillé.

Par FredGri, le 6 mai 2023

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