GEN D'HIROSHIMA
Tome 4

Le jeune Gen, survivant à l’explosion atomique d’Hiroshima, continue de chercher tous les moyens possibles pour survivre.
Règle n°1 : Pour survivre, il faut se nourrir. Malgré les difficultés, l’incroyable énergie de l’enfant lui donne la force de poursuivre inlassablement ce terrible combat contre le temps, le temps qui prend les vies de ces corps malades, irradiés, et épuisés par la faim et la souffrance.
L’esprit du père de Gen ne les quitte pas et son influence entraînera son jeune fils sur tous les chemins qu’il lui sera possible de trouver. Des bancs de l’école aux stocks de l’armée américaine.. tous les moyens sont bons pour avancer.
Malheureusement, le nombre des survivants diminue rapidement et Gen sera encore confronté à la mort injuste et cruelle. Pourtant.. un réel espoir intervient.. enfin !

Par MARIE, le 1 janvier 2001

Notre avis sur GEN D’HIROSHIMA #4 – Tome 4

Gen d’Hiroshima ! Rien que le titre si simple et si basique montre d’emblée la profonde sincérité et humilité de l’homme qui raconte cette histoire, soit Keiji Nakazawa ou Gen lui-même pour ceux qui prendraient le récit en cours de route.
Le mode narratif semble inchangé pourtant plus l’histoire est poignante et difficile à ingérer, plus l’auteur s’éloigne de son œuvre. Du rôle d’acteur il se met dans le rôle du spectateur, ce qui lui permet de dire l’intime et le pudique, naturellement plus facile à faire par un autre que soi. Il observe et raconte avec calme, pas à pas, la reconstruction de son pays après la bombe.
Le récit est cru et dur. Il est bien évident que la lecture de cette œuvre peut provoquer un choc, une répulsion. L’horreur est permanente, elle est l’unique décor et les personnages y sont totalement confondus. Pas de possibilité d’échapper au désastre. Pourtant, dans cet amoncellement de chairs putrides, d’os devenus poudre, de cranes des disparus gardés dans les maisons pour ne pas les oublier (la mère de Gen parle aux cranes comme si elle s’adressait aux êtres vivants qu’ils furent), dans cette plaie béante, il y a un début de cicatrisation. Comme toujours !
C’est le lot des survivants. Certains sont ainsi épargnés et ont alors l’immense tache de reconstruire. C’est terriblement douloureux. Il faut supporter de voir et d’entendre la souffrance. Probablement que l’énergie de Gen passe par des instants d’inconscience et de griserie dus à son jeune âge et à sa faculté de vivre, de refuser l’évidence. Ainsi il hurle et tempête devant l’inexorable comme on pousse des cris parfois pour vaincre la peur et foncer droit sur le danger. On fait comme lui, on lit, on ose .. et puis non, on craque et on pleure réellement. Cet album est très marquant, il est inoubliable.
Et puis malheureusement, comme dans toute guerre, il existe des hommes sans scrupules qui vont profiter de la faiblesse et de la vulnérabilité des victimes. C’est l’après drame qui commence. Ainsi, on vole les bébés, on viole les femmes, on vend son corps. Naissance de la mafia, notamment les « Yakusas ».
L’ouvrage réalisé par Vertige Graphic est somptueux et le texte d’explications historiques joint à la fin du livre est très utile et instructif. Bravo pour cette initiative qui plaira aux amateurs de références et de dates. Quant au dessin, il semble qu’il restera définitivement tel quel, sans progrès à moins que l’auteur n’ai délibérément choisi ce trait. Les jambes et les bras sont des demi cercles sans articulations.. finalement.. quel symbole ! Des ossatures rongées, ne reste que l’enveloppe, celle que nous apercevons au travers du regard de Nakazawa. Des hommes et des femmes musclés et vifs ne restent que des pantins.. manipulables.. manipulés !
Au moment où le désespoir guette, alors que Gen est prostré, un coup de pouce naturel arrive , un don de la terre et le sourire de Gen… ! Ah, ce sourire.. si vous avez besoin d’un coup de pouce, allez le voir, il va vous regonfler !
Pour conclure, cette série atypique et non commerciale est un cours humaniste remplit d’émotion sans jamais tomber dans la caricature. Peut être que la chose la plus puissante de ce tome 4 est le ton de l’auteur. Sans être neutre, il montre, il hurle, il pleure tout en consacrant l’idéal pacifiste. Monsieur Keiji Nakazawa , merci d’exister !
Lecture à classer parmi les plus grandes œuvres.

Par MARIE, le 1 août 2004

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