GEN D'HIROSHIMA
Tome 5

Tome 5 de cette terrible série témoignage qui raconte la bombe d’Hiroshima.
La famille de Gen a été en partie décimée comme des milliers d’autres. Après la stupeur, la mort puis l’horreur, arrive le temps de la reconstruction.
Gen, sa mère et ses deux frères survivants se battent donc pour se loger et se nourrir. Toutes les idées sont bonnes, y compris jusqu’à vendre aux américains le résultat même de leurs actes : les crânes des morts !
Parallèlement, Gen se rend compte que les morts ne reposent pas en paix. Les américains s’en servent comme cobayes.
Il lui faut tout le courage d’un enfant volontaire pour continuer d’avancer…

Par MARIE, le 1 janvier 2001

Notre avis sur GEN D’HIROSHIMA #5 – Tome 5

Le cœur des hommes est un mystère et l’on ignore souvent les ressources que chacun d’entre nous peut avoir au fond de lui. En cas de danger extrême, quand il s’agit de survivre, alors ces forces inconnues remontent du plus profond de soi et comme la formule d’Archimède se révèle souvent imparable, on touche le fond et on remonte !
Ce 5ème tome de « Gen d’Hiroshima » est très lourd de sens. Il décrit insidieusement la rage et la colère qui envahissent Gen et qui vont lui donner la force de se battre pour survivre. Son moteur est celui de la révolte qu’il ressent en voyant sa mère subir la deuxième série des conséquences à retardement de la radiation créée par la bombe atomique.
Après la mort brutale et atroce des brûlés, survient les cancers et autres crabes dévorant le corps des plus vulnérables.
Ce 5ème tome dénonce sans gratuité les interdits imposés par les américains tels que la censure de l’édition. Interdit de dire, de raconter, interdit d’écrire le moindre témoignage.Il dénonce également l’utilisation des morts qui en plus d’être des suppliciés, deviennent des cobayes. Pas de tubes à essai, les échantillons sont à échelle réelle, c’est l’expérience à dimension sur humaine.
Allons y également en ce qui concerne la faune des vautours et autres récupérateurs qui sévissent dès que la moindre misère apparaît. Depuis toujours, le vice et la vertu ne font pas bon ménage et les exploiteurs-maquereaux en tous genres s’installent sur les décombres et extorquent jusqu’au plus petit yen.
Cet épisode émeut moins que les tomes précédents car le récit est tel que l’auteur ne suscite pas la compassion. Il soulève la révolte et la force narrative de cette histoire est impressionnante.
Le dessin semble figé dans un trait arrondi qui oublie les articulations. Pas de coudes ni de genoux, mais l’expression des visages ne laisse aucun doute sur les émotions et les sentiments bien que le trait frise la caricature. Un vrai paradoxe.
La série change de direction donc, et du passé on ose tourner la tête vers un avenir imaginé pour ne pas dire imaginaire. Les larmes coulent encore mais sur des visages endurcis. La bombe ne tuera pas tout le monde; force est de constater que tous les hommes ne sont pas des monstres. Certains savent encore voir l’étincelle sous la cendre et la minuscule feuille verte de l’épi de blé.
Cette œuvre vient d‘être nominée à Angoulême pour le prix du Patrimoine. Certes, Angoulême est une ville française, certes le prix du patrimoine fait figure de vieillerie oubliée à qui on accorde un regard en fin de vie avec toutes nos excuses… Monsieur..Madame .. révérence ! alors peut être nous pourrions tout simplement nous dire avec humilité que ce prix là n’est qu’un simple remerciement d’un homme à un homme et peu importe les guirlandes et flonflons qu’il y a autour.
Ne garder que le silence et nos regards dans le sien. Œuvre indispensable.

Par MARIE, le 13 décembre 2004

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